TYTO est le projet de Beppe Scardino, Italien touche à tout (avec succès). Celui-ci, sur cet effort solo qui est si j’ai bien compris son premier après de multiples travaux en compagnie d’autres artistes, fait convoler ambiances jazz tordues, voix belles ou loufoques, et sons tordus qu’un Soul Coughing aurait approuvées. En sept titres il dépose un style certain, ose et bricole, livrant pour débuter un Intoru aussi souple que trituré. Fond jazzy, décor noir et cordes plus enjouées. Voix orientalisante. Il n’en faut pas plus pour d’une part, surprendre et d’autre part, asseoir une approche bien à soi. Si le titre est court Jerks, après lui, produit un délire électro-jazz-indus (c’est comme ça que je le « situe »…) tout aussi inattendu, jonché de voix et samples qui se font -positivement- remarquer. Difficile, à l’écoute, de ne pas noter la créativité du bazar. Lequel, passé son orage de début, prend une teinte Portishead de belle teneur. Serpentante, syncopée, elle fait mouche. Dans le même mouvement, elle pose là le genre TYTO. Yume-chan, un peu dans la lune, le confirme. En greffant beauté et recoins obscurs il s’impose, cinématographique, aérien. Son sax est magnifique, notez-le bien.
A sa suite Excessive Empathy, au milieu de 未来 MIRAI, chope la fièvre. Il délire, obsède par ses sons de nuit. Son rythme coure, sa voix flotte. Son ornement est trituré, on succombe une fois de plus à l’inventivité un brin étrange de Scardino. J’y entends, ça et là, du trip-hop. Mais aussi et avant toute chose, TYTO. Peu ordinaire, l’objet étonne par sa nouveauté et ses flux de sons déviants. Mannequin, de ses volutes jazzy, de son allant racé, me donne raison dans le sens où après une première audition « fade », j’ai souhaité insister. Grand bien me fasse, 未来 MIRAI est mieux que bon. Minore, en poussant sa durée, reproduit l’effet sur un temps conséquent. Sont-ce des guitares qui, acides ou célestes/heavy, le parsèment? Je ne sais pas, je ne sais plus mais j’en suis sûr, ça captive! Avec TYTO, les pistes sont floutées. Underachiever, en toute fin d’album, suinte une électro vive aux voix vocodées, de haut vol tout simplement. Le sieur Spardino, doué, émerveillant de par sa vision personnelle et génialement dérangée.