Torpedo vient de Lausanne, je le découvris via les merveilleux envois postaux d’Araki Records, son label par chez nous. En trio, il malaxe noise, rock grondant aux chants narratifs traversé par des pluies mélodiques (Désert) et crues façon Sonic Youth ou évidement, son côté noisy s’exprime à plein. On ne lui résistera pas bien longtemps, déjà The Fall et sa voix féminine mutine/songeuse s’empare de notre attention, sous tension. En syncopes, il se tient prêt à gerber sa colère. De ce fait il est beau, sur le fil, captivant. Il entre en colère, dégage du cachet et nous les fera prendre (les cachets), doté d’une belle force de frappe. Il échappe au classement, mais en squattera les plus hautes marches. Il breake, dans le ciel. Suit alors HELL, soit huit minutes de « racontage » perché/nerveux sur lit de rythmes changeants et de sons psyché/indus/je ne sais quoi d’autre parce qu’avec Torpedo, le chemin n’est pas spécialement prédéfini mais vaut le coup d’être suivi. On lui emboite donc le pas, séduit par un disque intense.
Sur Part III – La Mort, c’est sur sept minutes que la magie frappe. D’abord insidieuse, trainante, et qui le restera au point de s’imprimer dans les esprits. Les vocaux, eux, poursuivent leur mue entre cris et susurrations. Et ça s’entend, ça contribue en outre grandement à l’impact de ce Orpheo_ Nebula débarrassé de toute forme de concession. Désert, cité plus haut, n’en concède pas plus. Par ses ambiances, ses variations en place bien qu’inopinées parfois, Torpedo convainc. On l’adopte, d’autant plus quand comme moi on aime l’écorchure sonique. Il y a là, sur support, tout ce qu’il faut pour s’abreuver. On ne se privera pas, sachant qu’en Suisse il est rare qu’une formation plante ses sorties. On en est bien loin, Torpedo régale et met des dégelées au passage. Ailleurs qu’en France, c’est Broken Clover Records qui le dispatche et pour ça, on le remercie.
Avec Interlude, dans l’électro/trip-hop (enfin il me semble), on a certes un format réduit, mais à l’atmosphère valable. Les riffs silex de Part V – Interstices perforent tout, la voix se fait péremptoire. On est là, à nouveau, dans la succession de climats tendus, rudes mais capables de finesse. Ceci sur des durées étirées, sans la moindre pointe de lassitude au bout du compte. Les guitares souillent, bordel c’est déjà la fin! Aucun regret néanmoins, l’aventure se vit avec grand bonheur. POEM la conclut, enciélé dans ses premières notes, fort de grattes claires à la Experience (si si ), l’un des anciens projets de Michel Cloup. Torpedo, excellent, signant pour le coup un opus d’un attrait conséquent et permanent.