Orbel vient de Bayonne, il délivre des climats noirs que de temps à autre le chant pur, par exemple, peut éclairer (Lo, superbe pari les superbes). Lur Hezea est son deuxième opus, il me fascine et me retient. Je n’y peux rien. Orbain Irekiak, dans une sorte de trip-hop de nuit, décoche la première flèche. Au curare. Le chant se fait majesté, l’atmosphère se déploie sans vitesse. Le propos se bruit bruit, sans perdre de sa confondante beauté. Déjà Orbel, de par sa personnalité, nous chope par le lobe. C’est Amaury Sauvé, déjà employé chez It It Anita, qui soniquement a géré l’affaire. C’est forcément un avantage, on retrouve sa patte noise sur un Ufada grondant au vocaux une fois de plus magnifiques. Secousses électro, incrustes vrillées, la composition s’ajoute au listing des perles absolues. Elle se fait sauvage, libère sa rage, implose en un geyser de tout éclat. Tribal dans ses recoins, plus nuit que jour, Lur Hezea dévie et captive.
Plus loin Heriozko Giltza, brumeux, s’étire et pratique une divine inertie. Pris dans la nasse, l’auditeur capitule. Heriozko Giltza lui joue une électro du crépuscule, la voix de dame y resplendit derechef. Orbel est envoûtant, on n’a pas fini se s’y laisser piéger. Son discours s’anime, de la torpeur il vire au vacarme -souvent retenu- sans que réellement, on s’y soit préparé. Ses vocaux incantent, ses montées n’en finissent plus et peut-être bien que réside là, entre autres éléments fondateurs, la force de son Lur Hezea. Lo, évoqué plus haut, en étend le pouvoir. Okerra, opaque, obscurément angélique, ou doom et je ne sais finalement plus, déchire l’espace. La voix, à nouveau, impose son impact. Décharges de bruit noir, splendide. On écoute les yeux fermés, religieusement bien que de non-croyance obstinée. Orbel, de ta norme, n’a que faire. Il explose, volcan. Il tonne, éclair(e), retombe.
C’est peut-être pas la fête mais dans le contenu, et ça s’entend, c’est tout sauf une défaite. Hitzordua, de bribes quasi shoegaze en nappes chantées lancinantes, pénètre son monde. Et ce au ralenti, comme s’il refusait l’avancée, au gré d’une superbe instrumentation. Orbel est ciel -chargé-, cratère, quelque peu azur mais plutôt très gris. Et grisant quand, altruiste, il nous gratifie de son Lur Hezea. Gau Batez, qui le termine, coupe le brouillard et, fantomatique comme remuant dans ses motifs, entérine sans coup férir l’insondable valeur de ce Lur Hezea troublant et magnétique, signé de Bayonnais à ne surtout pas bâillonner (pardonnez-moi donc, en épitaphe, la facilité de la rime).