Naudin, il rappe et slamme. Sa base? L’ancien, les flics, les voyous, les vieilles bagnoles, la littérature fleurie et argotique d’un Boudard, ou bien Melville. Ou encore Lautner. Du rétro de choix donc, un peu brigand, qui lui permet un premier album totalement « addictionnel ». Chant contre champ donc, tchatcheur et voyou, épicé par des traces rock (l’excellentissime POTES, en ouverture, avec force refrain fédérant et guitares en feu) et la contrebasse de l’apache, groovante comme c’est pas permis. Paul Ronet, ensuite, narrant le carcéral sur un ton touchant et nourri. Que de style! En racontant le rétro Naudin, pour qui tu choperas l’béguin, transcende l’actuel. Musicalement, il s’illustre et dans le mot, ne peut qu’interpeller. C’est le cas de le dire, d’ailleurs, avec ses histoires de malfrats confirmés. C’est Naudin, copain. Vertueux, il livre itou La seule fenêtre, « ode » bluesy et rudoyante autant que chatoyante à la perte de soi, à ce que j’appellerai la « désorientation ». Les grattes mordent, le verbe insiste. Trop bonnard ce truc! A l’instar de Retour vers le passé, retour vers les possibles me hasarderai-je à dire. Gris, amer mais espérant, Naudin, sur La complainte du figurant, est bien loin de faire de la figuration. Il dénonce, lucide, une forme de supercherie. L’illusion, trompée.
Son Chant contre champ, lui, s’écoutera dans la DS. Entre les tours ou dans le vert, avec autant de plaisir qu’en s’ empifrant un bon vieux Scarecrow. Il percute sur Paul Ronet : le casse (feat. Beg & Rachid Wallas), prêt à rafler la maille. Il s’adoucit quand vient Ma belle, chanté avec sentiment. Paul Ronet : la genèse réinsuffle de la canaillerie; la vie impose des choix, j’opte alors pour Naudin, le gredin. Au grand coeur sûrement, qui se révèle avec sa délectable galette. Jsuis vieux, je fais fuser les sons et valser la grammaire. J’ai pour nom Naudin, je dépose là mon style et si t’en veux pas, alors à côté d’un putain d’ouvrage tu passes. Loser. Générique semble sonner la fin. Sobre et calme, il met le texte en relief. Naudin, en tous points, ressort gagnant. Il rend là hommage, son rap en touchera plus d’un mais contournera, vrai et inspiré, la caste du hip-hop à grosses bagnoles. Sauf, bien entendu, si c’est une Simca. Là, y’a prescription. Je radote, Acteur se pose en bonus et la contrebasse, groovy, y fait son effet. C’est le dernier virage, l’ultime lorgnée vers le passé. Je vous mets au défi, tous autant que vous êtes, de résister à Naudin et ses rimes fatales, sa fusion d’avant qu’on écoute maintenant, merveilleusement déclinée sur les onze merveilles de son Chant contre champ.