Après son sublime octuor, à la « MACU » d’Amiens, l’étincelant Vadim Vernay investissait ce vendredi un lieu radicalement différent puisque c’est dans le cadre du Château Blanc, superbe bâtisse flixecourtoise où l’on accompagne le handicap mental adulte, qu’il était amené à se produire. En quintette cette fois, privé donc, pour le coup, de Gustine et de ses deux « cordistes » aux bellotes interventions. Qu’à cela ne tienne, l’impact n’en fut que décuplé mais avant de l’évoquer, soulignons l’accueil de choix assuré par les pensionnaires des lieux, ainsi que par l’équipe chargée d’optimiser leur quotidien. Educ’ de métier, je ne m’en sentis que mieux et le souvenir d’un emploi au foyer de vie de Belloy, distant d’à peine 10 kilomètres, vint pour le coup hanter ma mémoire. Ce public est attachant, Vadim eut d’ailleurs tout le loisir de s’en rendre compte puisqu’il effectua en ces lieux une résidence artistique doublée de temps de rencontre. On papote, une dame et son compagnon me félicitent pour ma plume. Je prends, avec d’autant plus de joie que leur sincérité n’est pas à démontrer. L’attente est un brin longuette, arrivé à 20h j’appris de Vadim en personne que le set s’amorçait une heure plus tard! Alors de gentilles paroles, ça rend le temps plus bref. Du coup les portes s’ouvrent, miracle du verbe élogieux! J’attends, rock dans l’âme, un Vadim tranchant puisqu’à cinq, je n’imagine guère le combo verser dans le sirupeux.
Banco! Le set est mordant, sous-tendu, percutant et les danses à la Franz Treichler de Vadim, habité, mettent du relief dans ses délicieuses aspérités. L’espace scénique est serré, ça favorise le jeu compact et quoiqu’il en soit l’homme à la chemise, élégant, est épaulé par le gratin du son d’ici. Ca aide. Que dis-je? Ca bonifie tout. Je jubile: c’est là la matière, brute et perlée d’or, que je venais ce soir quêter. Le bonhomme est de plus bienveillant, la brièveté de son gig permettra à tout le monde de se mettre à l’horizontale selon un horaire décent. Dans le même temps, ce court moment accroit la portée du concert. Un peu béat je suis, j’ai vu le Vadim’s band à 8, puis à 5 et peut-être même qu’à Saint Riquier dans quelques jours, de nouveau, j’en serai. Un peu comme à la Mais°n -à la maison aussi- car la cité centuloise, elle aussi, fit partie de ma jeune vie. Mais ce soir c’est Flixecourt, la chanceuse, qui profite de l’excellence de l’artiste, de la flamboyance d’un Hang Tight déjà à juste titre plébiscité. A chaque fois renouvelée, sa splendeur fait l’unanimité. De montées rageuses en retombées apaisées, la première de ces options s’avérant en l’occurrence dominante, les musiciens font corps et réjouissent les coeurs. Je n’épiloguerai donc pas, la présence sur ce genre de date reste évidemment la meilleure des méthodes quand tout comme moi, on aspire à se laisser Vadimiser sans résistance aucune. Concert superbissime, une fois de plus.
Photos Will Dum