Issu de Rennes, ce qui le crédite d’emblée, Guadal Tejaz pratique un kraut pulsant, qui peut funker, décliné avec adresse sur ce Noche triste aux neufs titres solides. Je ne m’étendrai pas sur les antécédents du groupe, méritant tant en live que sur les sorties déjà effectives. Hernán Cortez débute dans la vapeur, puis turbine kraut et offre une énergie dévastatrice, au terme d’une amorce qui de toute manière annonçait un contenu appuyé. C’est déjà bonnard, du certifié issu qui plus est de labels valeureux. Guadal Tejaz est wild, l’allant krautisant de Krautoxic -ça ne s’invente pas- fait tout autant la différence et ma foi ça y est, nul besoin d’aller ergoter.
On adhère, le chant fou amène un plus. Morgan Guillou (voice, guitar), Corentin Pezard (guitar, bass), Hugo Robert Demontrond (drums, drum machine) et Théo Tiphaigne (bass, synth, guitar), dans une alliance polissonne, forcent le respect. La guitare vire funky, mais trépidante. On dirait, un peu, Gang of Four. Pour les sceptiques Yollotl, pas moins percutant, spatial dans son speed comme sous produit, file et convainc. Lui aussi. Tout s’enchaine, ici, sans jamais faiblir en qualité. Le morceau ralentit, groove comme jamais, psyché, bruyant et vrillé. Régal.
Plus loin Canal, saccadé, s’en va flirter avec la cold wave, de ses basses charnues. Sans voix, il est de choix. Melanesotypus, au beau milieu des festivités, remet de la vitesse dans cette Triste Nuit que l’opus vient perforer. Post-punk, en passant par d’autres genres, Guadal Tejaz nous terrasse. Yolia se base sur une durée plus étendue, mois immédiate, pour faire, un peu plus, dans le climatique. A la fin d’une « présentation » étirée, bien psyché, il riffe cru, compact. Et c’est marre, on ne trouvera là que du plus que bon. Le titre est heavy, bourru, il s’en échappe même des flux de nature goth. Si si. Anyway Guadal Tejaz, jamais figé, se refuse à l’inerte. Tonalli m’approuve, céleste, drogué. Je vois, devant moi, un peyotl. Alors Yolteotl, de sa batterie martiale, m’extirpe d’une certaine forme de torpeur. Concluant, comme le reste. Et comme Valley Of Hate, pas très amical évidemment, qui borde le bazar sur une note spatiale plutôt vive qui à l’instar du tout, attrape bien vite les sens. En se truffant, on aimera, de bruits qui plaisent et font de ce Noche Triste un must, à écouter fort et sans interruption.
Photos Titouan Massé.