Fleuves Noirs vient de Lille, il vocifère comme Lucifer (Certitudes et probabilités, en ouverture de ce Respecte toi au dessus de l’honorable). Il use de sons dont on n’a pas idée, flirte avec l’indus, roule des galoches à la no-wave, se fait voix folle, psychiatrique. Il salit et incante (Valentin Full Speed), se différencie, lâche des sons clairs dans son amas de délire. Son opus sort chez quatre boutiques recommandables, il l’est donc aussi. Et pas qu’un peu. Il se visite en plusieurs fois, ne se livre qu’après quelques passages. This is Mike se déploie lentement, mécaniquement, comme balourd mais putain (pardon), il s’empare de toi. Il déraisonne, il désarçonne. Bouge le bus est free, déchiré. A chaque chapitre, on peine à tourner la page. Captivé. Fesse noire s’étend, dépayse, tribalise, monte là-haut et nous y dépose. Posé mais aussi caractériel, il se place au mitan d’un album « fuck the norm ». Fleuves Noirs peut entrer en crue, se faire cru, il est surtout lui-même et singulier. En tous points, ça lui fait marquer des points d’ailleurs. J’écris mais avec ce genre de skeud, l’écoute reste le seul moyen fiable d’entrer en relation.
J’écris, surtout, pour te dire que ce Respecte toi, si tu te respectes, tu dois te le payer. Alerte cobra, voilà un opus venimeux. Saccadé sur ce titre, massif, trituré. Avec des grattes façon Jeunesse Sonique, un groove sale et impactant qu’il ne doit qu’à lui. C’est pour ça, nous dit-il. On le croit. Bordel, on dirait Well Spotted! Shine your star, dans les 90’s. Trop bon! Fleuves Noirs, je ne te définis pas. Je n’y arrive pas, tu te plais à louvoyer. A t’emporter puis redescendre, joliment, dans une élégante démence. On te suit, sans protester, dans tes sinuosités. Omn, ton ultime morceau, est sans sens (ou bien si..?) mais qu’importe, Respecte toi aura avant lui et dans la caste de ceux qui s’enracinent dans l’anormal glané bon nombre de votes, par le biais d’une galette de très grande valeur.
Photos Titouan Massé.