Frère de Rowland S. Howard (The Birthday Party), avec qui il a oeuvré au sein de Crime and the City Solution et These Immortal Souls, après, aussi, Harry Howard and the NDE et 3 albums au compteur sous cette bannière, Harry Howard développe un projet solo en son nom, matérialisé par ce Slight Pavilions où il a tout joué et écrit lui-même. Il en résulte neuf titres d’un rock lancinant, noirci, poisseux et racé, que Blood is gold inaugure dans un minimalisme à la Young Marble Giants, lent, griffu mais retenu. En velours, en bure, voilà un bien bon début. Ca plait en étant vrai, Kill those years et ses secousses bruyantes, sa no-wave millésimée, assure ensuite un relai de haute volée. Le titre est grinçant, au troisième rang The war won déclame tranquillement, en se parant d’un fond troublé. C’est racé tout ça, tourmenté aussi, flanqué d’une voix qu’on prend forcément en compte. Le rythme est sec, épars, la chanson indélébile L’opus aussi, pour tout dire. Lately, dark-folk en son début, prend lui aussi le temps, saccadé, insidieux. Le temps de marquer. Les esprits, l’amateur de rock aussi bridé que direct.
Photo Anne Marzeliere.
A la suite YR KZ’Z, d’une trempe presque jazzy, pétrie de classe, ne se hâte pas plus. Dans l’option en question et bien que je lui préfère l’écorché, le sieur Howard s’en sort avec un panache certain. J’adhère sans conditions, en guettant toutefois la prochaine sortie de route. Space again, sucrerie noisy pop m’évoquant Jesus and Mary Chain lorsqu’il se poppise, sent le venin sans complètement exploser. Des zébrures surviennent, bienvenues, bien placées. My love me fait penser, lui, au Velvet. En bottes de cuir, alors. Presque paresseusement les compositions, prenantes, s’accrochent à nos âmes. I Was My Own Worst Enemy suit la même voie, trainarde, diablement addictive. L’instrumentation est belle, pluvieuse, souillée et merveilleuse. Enfin Suitcase, dans un tumulte kraut-psyché irrésistible, saignant, gouailleur, termine dans l’estimable un disque parfait en tous points, sans politesse ni concessions, à paraître chez les immanquables Cranes Records (Tapeworms, The Acharis, The Dead Mantra…).