Adeptes des affiches de qualité, des formations non-conformes et insurgées, le Mic-Mac faisait péter la révolte sociétale, en ce samedi, avec en son sein les Ramoneurs de Menhirs. Sold-out très vite, le chapiteau amienois avait aussi convié Tarabel, Kabylie dans les esprits afin de marquer le coup d’un évènement placé sous le signe de l’identité culturelle et de l’ouverture à l’autre. J’entre dans l’antre, j’entends déjà la Mano, Negra bien évidemment. The Rebel Spell, merveilleux. Enragé. Plus tard suivra entre autres If the Kids Are United, de Sham 69, histoire de ne pas tromper sur la marchandise. Mais avant cela Tarabel, d’un set posé et dépaysant, que j’ai toutefois fini par trouver longuet, aura déclenché les premiers « claps » d’une soirée intense en présentant à l’assistance Areski, inattendu. Typé, son live fédère. Mais je dois bien le dire, c’est Loran and Co que j’attends, avide de flux punk dopés au biniou ou à la bombarde que forcément, la guitare féroce du leader saupoudre sans complaisance ni effets de manche.
Tarabel.
On le voit d’ailleurs, tranquillement, se préparer. A l’ancienne, et c’est ça qu’est bon, il met le public à contribution car chez les Ramoneurs, les morceaux joués se tirent au sort. Au vu du répertoire, fourni, on le comprendra et puis qu’importe, ça va ramoner et ce, du début à la fin. Ce groove-là, personne ne l’égale. Le discours non plus, direct dans la face de politicards véreux et vérolés. Fraternels, rassembleurs, les Ramoneurs déboîtent. Ca pogote sévère, dans ce Mic-Mac qui fièrement endigue la furie. On vit, très vite, un moment que personne ne pourra nous enlever. Avec Thomas, de l’orga, je me rappelle alors le set du Safran, en juin 2012 où déjà nous nous éclatâmes, portés par un son sans équivoque, vrai jusqu’au bout des riffs. Issu de Bretagne, le projet en perpétue les effluves jusqu’au quatre coins du globe, à qui voudra l’entendre et si tu n’en es pas, alors grand tort tu as. J’adore, j’en rate pas une miette et je repère dans le public, bien plus rock que ce que je pouvais escompter, cette fille, nièce dudit Thomas, qui s’éclate à l’audition des instrus trad combinés à la gratte et aux vocaux de Loran. Tu ne sais pas encore, jeune sportive que souvent je fige par l’image, à quel point tu fais bien de venir. C’est un acte, un engagement, un refus de se plier.
Ramoneurs de Menhirs.
Je me lâche, les clichés pleuvent. Ceux qui figent par l’image, pas ceux des connards qui jugent. Des parfums de Bérus, obligé Gégé, embaument le set. C’est du rude, du véritable, ça entraine (jusqu’au bout de la nuit? J’oserais pas, la référence pue un peu trop du du bec…) et ça décape de manière jouissive. Loran harangue, ses complices sont au diapason et le Mic-Mac, retourné, en a pour son fric. Ensemble on vaincra, ensemble et au son des Ramoneurs, solides comme des Menhirs, on fera face sans perdre la face. Le gig galvanise, il renverse au point qu’un olibrius viendra se lourder sur le bord de scène, heureusement indemne (je parle de l’olibrius). C’est l’ouragan, asséné sans gants. Un mistral magistral, une tempête qui te reste en tête et te contraint à t’insubordonner, gagné par une enfilade de titres puissants et rentre-dedans mais aussi ouvragés, bien écrits, qui laisseront une trace indélébile dans la mémoire collective et dans un lieu qui décidément, avec ce live défrisant, assied son statut d’endroit à fréquenter sans se modérer.
Ramoneurs de Menhirs.
Photos Will Dum.