Album de mutations, album de variations, Exister assied The Soft Moon, Luis Vasquez donc, dans son statut de référence cold, indus, post-punk et je ne sais quoi d’autre. Emotionnel, il est aussi physique, mélodique (Become the Lies), gorgé de titres et sons dont on ne s’évade pas. Sad song donne le ton, sans joie excessive évidemment, dans une texture à la Nine Inch Nails quand, retenu, Reznor se fait minimal et déchiré. Answers, bien plus sauvage, suit avec outre sa grande valeur, le mérite d’imposer un constat: diversifié, Exister n’en est que plus concluant encore. Il grésille, s’indus, balance des séquences. Excellent! Si t’en veux encore Become the Lies, cité plus haut, te ravit dans une mélopée cold qui ne se refuse surtout pas. Face is Gone, qui m’évoque LCD Soundsystem (si si) -en un peu plus taré toutefois-, se chargeant ensuite de nous déferler dessus. Oh, il breake. Puis il se saccade, derechef, jusqu’à lui aussi nous persuader. A chaque disque, de toute façon, on se fait prendre au piège. Monster opte pour le bridé, calme un peu le jeu, se balade au bord du gouffre sans s’y précipiter.
Impeccable, Exister est bien vivant. Il éprouve, The pit et son attaque électro déshumanisée, vrillée, s’en prend d’ailleurs à la psyché. Ses guitares grondent, ses ruades pataudes forcent l’adhésion. NADA, après lui, groove dans le gris, dans le noir, dans le froid. On dirait The Cure, mais c’est The Soft Moon et ça se montre tout aussi abouti. La voix réchauffe l’atmosphère, pas trop tout de même. The Soft Moon, sur disque comme sur scène, ne m’a jamais déçu. Guitares triturées, glace du son, niveau élevé font de sa galette un monument. Ni plus ni moins. Stupid Child détale, déboite, met le souk dans un album d’ores et déjà indispensable. Him (Feat. fish narc) se place dans le peloton des titres forts, j’ai sacrément bien fait de réclamer ce son à l’attaché de presse qui connaissant mes préférences, s’est empressé de me le transmettre. Exister sort chez Sacred Bones, superbe label. Notez bien qu’il se jouera, et j’en serai, dans notre Lune des Pirates locale, le 28 octobre prochain.
Dans l’attente, les turbulences indus-cold de Unforgiven (Feat. Alli Logout of Special Interest), son chant crié, son urgence sans appel, nous maintiennent dans l’enthousiasme. Aussi direct qu’haché, voilà un énième morceau de premier choix. Le tire éponyme, en toute dernière position, se faisant drone avant de s’éclaircir quelque peu, souillé et asséné dans le rythme. C’est du tout bon, du dérangé haut de gamme, que nous délivre ici The Soft Moon dont l’Exister aiguise bien fort mon envie de le revoir sur les planches du quai Bélu où sans nul doute, il exaucera tous nos voeux de déviance et de décalage sonore, sur un espace qui plus est parfaitement adapté à son registre sans sagesse ni platitude.