Al-Qasar, ça ne surprendra nullement au vu de son line-up comptant des originaires de France, d’Algérie, du Maroc et des Etats-Unis en faisant péter le détour par l’Egypte, fait valser les barrières. Son « arabian fuzz » où s’illustrent Lee Ranaldo de Sonic Youth, Jello Biafra des Dead Kennedys ou la chanteuse Alsarah, ce qui n’est pas rien, dégage un sévère parfum de reviens-y. Le premier nommé drone sur Awtar Al Sharq qui déjà, s’orientalise et s’enracine à la croisée des peuples et mouvances. Ce n’est pourtant qu’une amuse-gueule, instrumental mais réellement trippant, que suit Awal (feat. Lee Ranaldo), dub, syncopé, zébré de guitares inobéissantes. De stridences, de sonorités qu’on n’entend pas tous les jours et putain, c’est bien dommage! Sur plus de six minutes, on se laisse enfumer et dérouter, au gré d’un chemin sinueux. Jaouad El Garouge, vocalement, complète de manière marquante le boulot de Thomas Attar Bellier, leader du groupe, qui lui aussi à trainé ses guêtres ici et là. Ca sert le rendu, bien entendu, que renforce Ya Malak (feat. Jello Biafra) et ses poussées à la Lalalar. On en estime, ça va sans dire, le débit fédérateur et la grammaire nouvelle. On est bien, porté par la nouveauté, par l’audace d’un melting-pot captivant.
Avec Hobek Thawrat (feat. Alsarah), on s’enfile une trame aérienne, mystique sur les bords. Chantée avec maestria, jouée avec un sens du groove qui défie toute concurrence. Avec finesse aussi, dans une intensité à l’orée du tribal. Ca remplit l’espace, ça réjouit les âmes. Et comme ça se pointe chez Glitterbeat, on aimera d’autant plus. Sham System joue le blues, l’emmène dans le désert, obsède en se redisant. Al-Qasar, c’est bien clair, nous gratifie d’un sans fautes. Funky, libre, il nous refile ce Barbès Barbès (feat. Mehdi Haddab) d’un genre qui ne se classe pas, merveilleux hommage au quartier en question. Cosmopolite, Al-Qasar réconcilie l’humain ou sinon, tend à le dompter. Il s’écorce, laissant ses guitares mordre. Mais, toujours, avec panache. Benzine identifie, plus encore, une approche personnelle en ondulant sans qu’on puisse lui opposer la moindre résistance. En live, « en vrai » donc, j’imagine un trip ultime. Mal Wa Jamal (feat. Hend Elrawy, le guest est ici roi), bourru/subtil et vocalement -c’est une constante- remarquable, incante et termine, rudoyant autant qu’affiné, un disque à la hauteur de l’excellence de son label d’appartenance.