Pluri-disciplinaire, insoumise, inspirée et éclatée, génialement bancale, Sarah Olivier repousse les formats et de ce Vortex magnifique, impose un éventail sans limites. Le temps d’une onzaine de titres-pitres marquants, elle marie les genres, fait sa Siouxsie parfois, dans le chant, et parcourt un spectre passionnant. Lequel, doté d’une certaine acidité rock (May 1999), d’une musicalité exemplaire aussi, risque d’en surprendre plus d’un. Avec Give me your beauty, entre majesté de l’instrumentation et vigueur du rythme, sous-tension qui ne demande qu’à tout envoyer valser, on est d’ores et déjà happé. Echappée de cuivres, notes dépaysantes, break vrillé. Diantre, ce chant! Magnifique, acidulé aussi, le morceau force de suite le respect. On est déjà, un peu, hors-pistes et voilà ce que j’aime, mais j’en veux plus. Alors Rose garden, rock, Siouxsiesque dans le timbre vocal, file jusqu’à la satisfaction de mes attentes. Cold, racé, il percute et affirme l’excellence du début d’album. A sa suite Déconstruction, en Français, surligne les textes de la dame. Dans le même temps, il sert une trame fine mais aussi écorchée, pétrie de brio. Special, entre riffs secs et urgence électro-cold/rock, vient après ça se poster dans le rayon des tubes car à mon sens, il en est. Dans le chant, si expressif, si délirant. Dans le jeu, dans la vigueur.
Menace (feat. Fantazio), de duel vocal en groove funky appuyé, se barre. Des sentiers connus. Foutrement douée, Sarah captive et récidive. Oh beauty!, court, se passe de notes. Voix, quasi-religiosité. Puis Les grands lacs où à l’écoute, il fait bon se noyer. Saccadé, splendide dans le jeu, splendide dans sa sous-tension. Dans ses mots aussi, dans son tranchant rock bienvenu. J’adore. Sarah Olivier, Vortex, c’est mon disque du samedi. Mon son du jour, à égalité avec le nouveau High Vis. May 1999, évoqué plus haut, me donne d’ailleurs raison. Mélancolie, feutré, fait tomber la pression mais aucunement, et surtout pas, la fiabilité du rendu. Son envolée, griffue, sent fort le talent.
On est gâté, de partout suinte la qualité. Rock star se profile, dans une pop-rock millésimée et plutôt offensive qui l’avantage sévèrement. Sarah, pour la fin, poste un titre éponyme détendu, dénudé, aux paroles d’un sens profond. Alors Vortex, divers et sans fautes, s’inscrit lui au chapitre des rondelles à posséder impérativement, à l’identité forte et à la personnalité qu’on ne peut guère lui contester.