D’un côté la compositrice/instrumentiste Bruxelloise Catherine Graindorge, déjà distinguée ici pour son superbe Eldorado. De l’autre le mythique Iggy Pop, sollicité par la Belge après qu’il ait joué deux de ses titres sur son BBC 6 Music show, en novembre dernier. Et donc The Dictator, fascinant, où l’Iguane offre sa voix grave aux textures de la dame. Quatre morceaux hautement immersifs, que la composition éponyme annonce sur une touche céleste qui se pare de sons dérangés alors qu’Iggy, dans la narration, nous met sous hypnose. Les chants se joignent, l’un crooner dark, l’autre plus éclairé. Merveille. Voyage, brume de sonorités. On en ressort touché, quand se profile Mud I, lui aussi brumeux, au déroulé sous perfusion de lenteur. Il n’en est que plus marquant encore et l’opus, après réécoute, donne sa pleine mesure. Des cuivres sous tension bridée se pointent, une montée s’amorce sans que l’implosion se fasse.
C’est beau et déroutant, Iggy fait sensation dans un registre décalé et sa compagne de jeu, de ses écrins dont elle détient le secret, l’épaule merveilleusement. Ainsi Mud II, dans cette même absence de hâte, provoque t-il le même ressenti. The Dictator s’écoute habité, les yeux clos, vous plongeant dans des climats en marge. Sombre et éthéré, ses cordes et vêtures électro le sertissent superbement. Il sort chez Glitterbeat, ce qui achève de le crédibiliser, et prend fin au gré d’un Iggy à la majesté acidulée, un brin répétitif toutefois. Il faut alors, depuis les sphères, amorcer la descente. Mais c’est pour mieux, à l’issue, s’envoler derechef vers des contrées à l’attraction incoercible au possible.