Toujours à nous régaler, avec ses recueils où nous attendent moults merveilles sonores trippy, le Stereolab de Tim Gane et Laetitia Sadier, toujours actif, nous offre cette fois Pulse Of The Early Brain [Switched On Volume 5]. Soit 21 morceaux à l’écoute desquels la psyché sombre, l’esprit s’engourdit et les sens perdent pied ou encore, s’exaltent. Issus de supports divers, dont la paresse m’interdit de faire état, les compositions s’encélestent (je viens de créer l’expression) d’emblée, lorsque Stereolab & Nurse With Wound – Simple Headphone Mind nous propulse dans la galaxie et, de ses chants déshumanisés, de ses sons sous éther, nous contraint à quitter la terre. Ca dure 10 minutes, c’est kraut et psyché, c’est loin d’être sans effets. Et pour valider l’emprise Stereolab & Nurse With Wound – Trippin’ With The Birds, qui dépasse pour sa part les 20 minutes, de même teneur et doté de fulgurances tarées, se présente ensuite. Rien que pour ça, Pulse Of The Early Brain [Switched On Volume 5] mérite l’achat. Low fi, dans une veine noisy-pop céleste de tout premier ordre, appuie d’ailleurs mes dires. Laetitia envoûte, comme à son habitude, et son groupe se place à part. Le Français s’y invite -on le comprendra, la dame est de chez nous-, sans aucune peine. Il y a même, dans ce morceau, un côté Limiñanas au delà du plaisant.
On poursuit donc, en joie, l’exploration de la mine de pépites. [Varoom!], vrombissant, en est bien une. Filante, acide, rêveuse aussi dans le timbre des voix. Ca approche les 600 secondes, il va de soi qu’on en ressort very happy. A sa moitié ou presque, il vire MBV (comprenez par là, My Bloody Valentine). Délectable. Laissez-faire lui succède, en bombinette pop aux guitares bonnardes sur chant de l’époque, merveilleux. Elektro [He Held The World In His Iron Grip] ne l’est pas moins, aussi dérangé qu’étoilé. Sur son second volet, il se poppise dans l’option lo-fi. Fatal. Robot riot grésille, sert des airs magiques, fait à son tour la différence. On navigue, pour le coup, de pépite en pépite, suivant un sentier tortueux car jamais figé. Ca pourrait désorienter, au contraire ça rameute et Spool of collusion, entre guitares bourrues et sons exotiques, et dans ses pas Symbolic Logic Of Now!, follichon, flottant dans l’espace, valident mon constat. Stereolab, quel que soit le support, c’est d’un niveau élevé, de nature à susciter la jalousie. Car Stereolab, sans discontinuer, offre du solide, du varié, de fort belle qualité.
C’est le bonheur, même posé (Ronco Symphony [Demo]) Stereolab charme. AABC fait du bruit, glam, rock’n’roll. Magne-music expose le côté joueur, délicat, du groupe. Il groove, ondule, s’en va lorgner vers des contrées qui ne sont pas d’à côté. Blaue milch fait son jazz, trituré, en évoquant les élucubrations d’un Pavement. Yes Sir! I Can Moogie souffle une pop vive, mélodique, à la répétition entêtante. Plastic Mile [Original Version] vole, voit ses chants faire dans le doux. A chacune de ses étapes, Pulse Of The Early Brain [Switched On Volume 5] nous chope jusqu’à ne plus nous lâcher. Refractions In The Plastic Pulse (Feebate Mix) – Autechre Remix, agité, s’électro dans le chaos. Unity Purity Occasional renoue avec des atours subtils, aériens. S’il faut suivre, on reste volontiers en phase. The Nth Degrees trace mélodieusement, expérimente un peu. XXXOOO fait dans la dream-pop, un peu trop bref. Enfin l’inénarrable Cybele’s Reverie – Live at the Hollywood Bowl, de belles cordes en cuivres vifs, rejoint les Boo Radley’s sur le terrain de l’investigation pop fructueuse, dans un terme débridé qui assied l’excellence du disque.