Son pedigree? Noodles, Dirty Hands puis à la suite, Les Mains Sales qui en 1999 vit son parcours prendre fin. Gilles Moret is back et à la lecture de ses références, il va sans dire qu’on guette ses sons avec une certaine forme d’engouement. En trio serré, appuyé par ses compagnons d’antan et de maintenant, son projet Gil joue six titres où la tension le dispute à la mélodie, au gré d’un panel qui donne des ailes et fait dans le réel, sans tricherie dans le rendu. Pas le genre de la maison, de toute façon. A l’instar des Thugs et autres Virago, dont on retrouve le climat tendu dans une superbe cover du Samuel Hall de Bashung, on va à l’essentiel et jamais, au grand jamais, on ne recourt à tel ou tel artifice. On met le feu, en revanche, quand galope le punk-rock d’ Hotel de l’univers et ses guitares mélodiques sur fond de choeurs à la…Thugs parce qu’ici, copain, les références font honneur.
Bien armé, Gil ne s’en laisse pas compter. Il nous revient, intact, fort de textes inspirés. Seule, la nuit riffe cru, laisse sa section rythmique onduler pour assurer un groove bourru. C’est chez Twenty Something, en phase directe avec Nineteen Something donc, que sort l’objet. Ecouté fort, il donne sa pleine (dé)mesure. S’incrustent, dans le rock de Seule, la nuit, des sifflements guillerets. Comme, tiens donc, sur le And he kept on whistling des Thugs. Rappelons donc qu’à la console siègent Jean-Paul Romann (ingé-son des Dirty Hands) et Christophe Sourice (batteur des Thugs et producteur du premier album des Dirty Hands, Lost In Heaven). Insolation, pavé rock passé au souffre, à l’urgence bridée, profite de leurs compétences. Comme le reste, comme ce Lucarne sans équivoque aux airs de vrai et de trop peu.
Il y a aussi Et au loin, touchant, subtil, déchirant. Gil vient grossir, avec le savoir-faire qu’on lui connait, la liste des formations à prendre en compte. A Angers de toute façon, pas de danger; on fait dans la qualité. Ici le mot parle, les cordes mordent, l’unité de Gil plaide en sa faveur. Les jours à venir, on n’écoutera plus que ça. Le titre est fonceur, débridé, ses guitares me font penser à ces groupe 90’s qui savaient, si bien, les faire rugir dans la mélopée. Lucarne, c’est six morceaux accomplis dont le tout dernier, ce Samuel Hall amer et vrillé qui se retient d’imploser, enfonce bien profond le clou d’une identité dont on attend désormais, aguichés, qu’elle s’inscrive dans le temps et nous délivre d’autres galettes de la même veine que ce Lucarne enthousiasmant.