Belge, devenu trio et inconnu, jusqu’alors, de mes services, Monolithe Noir serpente entre les genres, se fait instrumental, un peu mental aussi, physique et céleste, se révélant à mes esgourdes par ce Rin assez magique. Drivé par un Antoine Pasqualini au parcours parlant, le projet lance d’emblée un Balafenn spatial et kraut, étourdissant, au rythme asséné. Une première salve qui transporte, malmène avec panache, et présente un style certain. Spirales d’entre les cieux, atmosphère en beauté troublée font le taf, jusqu’à ce que s’ensuive Finvus et son kraut qui m’évoque, et c’est là un sacré un compliment, Yeti Lane. Appuyé autant que songeur, il augmente l’attrait d’une galette déjà, sans qu’on puisse s’y opposer, séduisante. Le tout dans l’écart, dans la création, loin des courants stériles. Avant un retour à La source, psyché, vrillé, qui sans chant touche tout de même au but. Il faut dire que de par ses climats Monolithe Noir, dont même le nom plaira, dispose de sérieux avantages.
Yannick Dupont (Yokaï, Jahwar, Ottla) contribue, d’ailleurs, à singulariser l’opus. Brik, puisqu’il s’agit de ça, s’y emploie aussi. Il s’agite, baigne dans la fougue mais sait dans le même temps s’étoiler. Concluant. De partout, sans excès ni rature, fusent des sonorités à haut pouvoir addictif. Un chant arrive, couplé à des motifs dépaysants. On sombre dans le rêve, dans une turbulente torpeur, avec force délices. Morse suit, c’est un voyage hypnotique. Monolithe Noir se décale, se distingue, comble nos désirs d’autre chose. Ses paysages enchantent, se fissurent sans trop écorner leur magnificence. Askre, pesant, massif, fait montre d’une instrumentation étendue. Rin, éponyme, éthère son monde. Touches folk, zébrures de cuivres free, giclées vaporeuses, ambiance réitérée génèrent une forme de dépendance. Encore. Barra Bouge (feat. Jawhar & Mirabelle Gillis, ooh Mirabelle tes violons divins!!!), aux consonnances d’orient, d’un genre sans nom, est une pure pépite, sauvage et précieuse. Déroutante, dont je peine à quitter l’écoute.
Mais il me reste, à ce moment, deux ultimes efforts à m’injecter. Le premier, Landmaerck, instaure une nouvelle épopée de là-haut, qui déstabilise en flirtant avec les hauteurs, avec les sens, avec nos repères. Une pulsion kraut marquée se déclenche, géniale. Monolithe Noir, insoumis, nous en fait voir de toutes les couleurs. Viellism, sa dernière cuvée, fait des loopings et hausse le rythme avant de se saccader, confirmant la grande valeur d’un album dont on n’a sûrement pas fini d’explorer les recoins.