Niché à New-York, Extra Life couple voix presque religieuse, aux tons médiévaux, et déflagrations noise fréquentes. Secular Works, Vol. 2, qui si j’ai bien compris se veut la suite du Secular Works sorti en 2012, en fait montre et nous permet dès What is Carved, étendu, de nous confronter à un univers inédit. Entre recueil et lyrisme d’antan, le tout nappé de soubresauts sauvages et de notes dépaysantes, Extra Life s’appuie sur des éléments du passé pour bâtir du neuf, sacrément singulier. Coming Apart, plus long encore, pèse et lacère. Une instrumentation enrichie de cuivres, free ou plus rangés, assied l’impact d’un disque dont l’assimilation ne se réalise qu’après plusieurs immersions. Vibrant, doté de sons ingénieux, de climats dense, d’assauts belliqueux, il exerce une lente attraction. Il se fait majestueux, avant de glisser dans le ravin d’un rock de soufre. Et racé, tellement qu’au final on s’en ressert une large lampée. Ou plusieurs tant le breuvage, personnel, se déguste sur la durée.
The Play of Tooth and Claw, de ses accents folk agités aux teintées superbes, relève d’ailleurs le mets. Plus loin We Are Not the Same, d’abord posé, s’envole dans la grâce. Subtil, aérien, il valorise le côté bridé de Charlie Looker et les siens. Il transporte, avec le même abord insidieux que le reste. Ses cuivres, eux aussi, poussent le trip. Libres. Le chant se met à narrer, on est là dans une retenue splendide. Puis What’s Been Lost?, plus tumultueux, s’en revient à des notes médiévales -dans les vocaux-, magiques, que des percus marquées soulignent. Je songe à Swans, mais Extra Life n’en fait qu’à ses sons. Nul besoin, pour se démarquer, d’aller piocher ailleurs. Diagonal Power et son folklore décliné sur plus de douze minutes, jubilatoire, intense et insoumis, varie tout à la fois les plaisirs et les ambiances.
Extra Life échappe à toute caste, il fuit la norme et explore des zones à risques, porté par son audace. On ne l’écoute, par conséquent, qu’avec une joie décuplée. C’est délicieusement malmené qu’on en vient à How to Die, son ultime « track ». Sur près de 600 secondes, dont aucune n’ennuie, on profite d’un terme apaisé, éclairci et élagué, joliment sombre. Secular Works, Vol. 2, de bout en bout, surprend et désarçonne, captive et se révèle, en même temps qu’il remet au goût du jour un groupe avec lequel, au vu du résultat final, il va falloir plus que jamais compter. Merveilleux opus, riche et accaparant, que ce Secular Works, Vol. 2.