A l’heure de la sortie de « Tu veux baiser? », assorti d’un clip décalé, qui précède un album prévu à la rentrée, Les Vulves Assassines répondent aux questions de Will Dum…
Photo avatar: Garance
Photos: Garance/Thomas Lamy
1. Les Vulves Assassines, sur disque, elles…assassinent !! Mais qui, au juste ? Qui, dans notre piètre société, à l’insigne honneur de se faire « envulver » par votre trio?
Un peu tout le monde… évidemment on s’en prend beaucoup aux réacs en tout genre et à nos ennemis de classes, mais pas que. Sur le premier album, nos copains adeptes du développement personnel en prenaient pour leurs grades. Sur le prochain, certains se sentiront visés par notre chanson sur une certaine forme d’écologisme en vogue qui nous semble contre-productive puisqu’elle ne questionne pas vraiment les aspects sociaux et économiques du problème.
Mais là on a grandi, on a changé un peu de ton, et maintenant on va plutôt avoir tendance à lui demander poliment de mourir plutôt que de l’éclater à coups de barre à mine. Pareil pour Paul, ce jeune cadre dynamique à qui on laisse même une dernière chance face à l’inéluctable révolution. Dans notre deuxième album, on est devenues un peu sympas.
2. J’ai chroniqué sur Muzzart Godzilla 3000, votre premier opus qui remonte à octobre 2019. Musicalement, c’est aussi jouissif qu’éclaté ! Qu’est-ce qui vous a amenées à un tel patchwork ?
L’incompétence. On a eu beau chercher un style, on n’a jamais trouvé. C’est jamais ce qu’on essaie de faire qui sort à la fin. Du coup, nos chansons finales, c’est pas du tout représentatif de nos idées initiales. C’est ce qui fait ce côté décousu.
3. Ce bazar musical a-t-il un quelconque lien avec le bordel sociétal que nous vivons actuellement ? A-t-il vocation à le mettre à distance, à en atténuer l’impact ?
Surement qu’un psy trouverait quelque chose comme ça à dire. Peut-être même qu’il y a un sujet de socio à creuser. Nous on sait pas, on n’a pas fait des études intelligentes.
4. Qui fait quoi dans les Vulves ? De qui vous entourez-vous pour générer ce clash musical savoureux et déjanté ?
La musique et les paroles, c’est nous 3 : MC Vieillard, DJ Conant et Samy. En général, après avoir réfléchi ensemble à une idée, on se répartit les tâches; MC Vieillard écrit un brouillon de texte, DJ Conant fait un brouillon de compo et on finalise à deux. La guitariste Samy arrive ensuite pour mettre sa touche dans les arrangements. C’est vraiment un travail d’équipe, et parfois viennent se greffer des copains, comme Alexis à la scie musicale, ou Geuda. Si on fait de la musique à la place de faire un vrai métier, c’est aussi pour ce côté camaraderie. Ensuite, c’est Gaga, notre ingé son, qui fait le mixage et qui nous suit en concert pour le son façade.
5. Vous venez de sortir “Tu veux baiser ?”, assorti d’un clip qui quitte les rails. Je l’adore parce qu’il dit, sur un ton presque léger (musicalement), des choses préoccupantes. C’est ça finalement, Les Vulves Assassines ? Dénoncer dans une forme de légèreté, dans un délire doté de sens ?
Vu qu’on ne savait pas faire de musique, on n’a pas fait un groupe de musique pour faire de la musique. Quand on planche sur une nouvelle chanson, on se demande toujours de quel sujet important on n’a pas encore parlé. On est vraiment là pour donner un coup de pouce à la révolution. C’est de la propagande marxiste féministe pure et dure, on l’a juste mise en musique parce que les gens lisent moins les tracts de la CGT qu’ils écoutent de musique (pour la plupart, surement, mais ça pareil faudrait voir avec le sociologue).
Première photo : David Wooldridge/2ème photo : @landysauvage (DJ Conant surfant sur la foule)
6. Ce morceau annonce d’ailleurs Das Kapital, votre nouveau disque « prise de risques », qui sortira quand j’achèterai mon nouveau cartable d’éduc, à la rentrée ou à peu près donc. Que pouvez-vous me dire de cette nouvelle galette?
Félicitations pour ta promotion ! On voulait faire « l’album de la maturité », mais on a un peu rêvé… On avance vers la maturité mais on n’y est pas encore. On a essayé de faire un truc plus écoutable que le premier, toujours dans ce but de toucher plus de monde et de grossir nos rangs. L’album est moins décousu, et moins… certainement qu’on se censure un peu, ou du moins on pèse un peu plus nos mots, ça en fait un truc un peu moins léger mais surement plus abouti. La grosse différence, par rapport au premier album, c’est que là on sait que des gens vont l’écouter. Donc on a essayé d’éviter les possibles quiproquos…
7. Qu’est-ce qui vous a inspiré, d’ailleurs, ce titre de « Das Kapital » ? Vous l’ espérez capital, ce Das Kapital ? Sale ? Radical ?
On l’espère capital oui, comme son homonyme de 1867, le best seller signé Karl Marx. L’un ne va pas sans l’autre.
8. J’aime vos valeurs, gardez-le et faites-les perdurer (oui je sais, c’est pas une question…)
Oh William…
9.Vous est-il arrivé, au vu de votre approche incisive pour certaines castes à la mords-moi-le-noeud, d’avoir des retours colériques de ceux dont le cerveau est resté dans le caniveau ?
En général, ceux qui n’aiment pas viennent pas nous le dire, donc on a toujours l’illusion de faire l’unanimité. En vrai on sait qu’il y a des gens qui sont choqués, parfois, à nos concerts. On trouve ça marrant parce qu’on a l’impression d’être hyper mignonnes comparé à ce qui peut se passer sur d’autres scènes au même moment. Mais quand ce sont des mecs, ça surprend moins les gens du public.
Par contre, c’est pas une histoire de cerveau ou de caniveau. C’est juste une histoire de goût et d’habitudes, donc on le prend pas mal (big up la maman d’Armand). On a quand même eu quelques articles assez violents dans la presse nazie. Là non plus, c’est pas une histoire de cerveau malheureusement, ils ont l’air d’en avoir même des plus gros que nous, vu leur stratégie, leur progression et leurs résultats aux élections.
10. Das Kapital, vous me l’enverrez pour une chronique (diantre (La belle langue de Molière), j’ai pas pu m’empêcher de gratter) ? Il sortira chez qui au fait ? Parce que si c’est chez Atypeek comme Godzilla 3000, je trouve qu’il y a parfaitement son rang !
On sort ce deuxième album en autoprod ce coup-ci, même si Christophe d’Atypeek Music continue d’être présent pour nous et nous aide pas mal. On sera distribué par l’Autre Distribution car ils sont très sympas et en plus grâce à eux, on va le sortir en CD et vinyle. Tu veux le CD ou le vinyle ?