Doc Flippers, ça crèche à Leipzig. Ca déconne, ça joue bancal et c’est génial. Ca scotche à la Parquet Courts, c’est rêche comme du papier de verre, punk comme une 8-6 tiède. C’est lo-fi, sans vraies failles. Human pork, la première galette long play des bonshommes, est d’une turbulence qui flirte avec l’excellence. En treize titres souvent courts, urgents, elle braille, lâche tout de même de beaux sons en cascade, riffe cru , parfois plus subtil, et s’amuse grave. Alors nous aussi. Ca rappelle aussi, un peu, The Garden pour l’aspect foutraque. Terrible II se joue post-punk, il crie et éraille. Il sort des rails aussi, chez Doc Flippers on tend à s’écarter du droit chemin. Steel Splinters prend le relais dans un même format compact, aussi urgent que mélodique. Voilà du bon, par salves nourries. Lesquelles, de temps à autres, se fendent d’embellies notables. Les chants, différents, se croisent en amenant une folie supplémentaire. Interlude obsède par ses motifs, ses tons presque funky. On parcourt un champ large, mais tenu bien que libre de ton. White horse fait le blues, qu’il rudoie et fait galoper. A cinq morceaux, on est d’ores et déjà dans l’adhésion. On s’entiche, régulièrement, des notes et sautes d’humeur de la clique allemande.
Ainsi Sausage Got Haire, de ses secousses tarées, rafle-t-il la mise. La brièveté des compositions permet de ne pas s’égarer, j’entends aussi Ty Segall dans ce que Doc Flippers construit…ou déconstruit. Sa palette est vive, pourtant Stiffy Girl lâche un peu la bride, sans faire baisser la qualité. L’éponyme Human pork est lui finaud, pas loin du psyché avec voix cinglée. Ca groove de partout, c’est un produit We Don’t Make It Records, en collaboration avec deux autres écuries qui elles aussi soignent leurs sorties. Slugheads est fait d’ardeur, de joyeuse démence. L’issue est tout bonnement jubilatoire, Cowboy Silvio prend l’option subtile sur lit de chants à nouveau frappés. Ca fonctionne, comme tout le reste. En fin de course Introducing, rock’n’roll, assied durablement l’impact du disque. Une livraison à s’écouter sans débander, que termine un Piece of crap garage et souillé, à la vigueur punky inendiguable. Il est joué live, ça s’entend et Doc Flippers, ici, affiche des vertus « destroy » porteuses, qu’il nuance joliment jusqu’à rendre une copie parfaite.