Co-fondateur de Cabaret Voltaire, ce qui n’est pas rien, Stephen Mallinder en vient avec ce tick tick tick à son deuxième opus. Fascinant, enregistré aux MemeTune Studios en Cornouailles avec Benge (soit Ben Edwards), son collaborateur habituel, il dévoile huit postes disco-cold auxquelles toute résistance sera vaine. Contact lance la danse, grise, en traversant la nuit. Son allant, sa texture, ses basses toutes en froideur groovy le démarquent, ça sera par ailleurs le cas jusqu’au terme du disque. La voix se Suicide, susurre, chuchote, prend la tête et reste…en tête. ringdropp et son électro souterraine en remettent une louche, dans le rayon de la déraison. En phase avec son ère, tick tick tick en réitère l’ oppression. Il trace, en outre, des sillons très personnels. Le titre s’emballe, pulse et dévie, fait tournoyer ses sons. Un délice de folie, douce ou plus marquée, qui entérine un début brillant que Galaxy, cosmique et entrainant à la fois, emmène dans des sphères élevées. On ne peut, à l’écoute, que se laisser (dé)faire. Le contenu m’incitera sans calcul à aller également visiter Um dada, la première oeuvre du bonhomme de Brighton.
Avant ça Wasteland, lumineux ou plutôt clair-obscur, diaphane aussi, m’aura replongé dans un monde angoissant, où l’on se trémousse in the dark. Au son, pour notre bonheur, de compositions à la forte emprise. Lui aussi, presque soudainement, s’emporte et laisse ses sonorités bifurquer. Hush le suit, dans un disco de fin de nuit, alerte. Le constat s’ impose, définitif; tick tick tick est une galette prenante, démente, à la hauteur bien entendu du talent de son auteur. Shock to the Body, minimal et il n’est pas le seul, marie le gris et l’éclairé, si on peut dire, sans se hâter, au gré de chants traficotés. The trail obsède par ses basses, rondes. Le chant, là aussi, se déshumanise. A l’instar, comme dit plus haut, de notre époque. Il n’empêche que tick tick tick, en l’illustrant soniquement, nous la rend plus supportable. Ses boucles vrillent, à son terme le titre éponyme adopte pour finir des tons quasi dubs, aux vocaux distants. Mallinder fait mouche et nous touche, on n’aura de cesse de lui emboiter le pas tout au long de ses créations à la lisière d’un monde en déperdition.