Kirsty Tickle (saxophone) et Jonathan Boulet (percussions et sampler) viennent de Sydney, ils forment Party Dozen qui de son spectre large, où l’on peut entendre no-wave, free-jazz, doom, psychédélisme et folie vocale -entre autres-, me captive alors que pour ma part, je le découvre. C’est pourtant son troisième disque, on y recense neuf zébrures mémorables et immédiatement The Iron Boot, pesant, dévoile une trame doom ornée par le sax, noire et déchirée. Soudain, ça riffe cru et le rythme s’emporte. Le saxo couine, on est là dans un fatras de génie. J’entends les Stooges, aussi, dans ce que fait Party Dozen. Birthday Party aussi et ça tombe bien, c’est Nick Cave en personne qui intervient sur Macca The Mutt (feat. Nick Cave donc), possédé. Rythme en torrent, chants en déraison. Party Dozen, c’est l’assurance d’une certaine nouveauté. On part dans la noise, Nick obsède de son phrasé répété. Délicieux, un brin vicieux et c’est tant mieux. Fruits Of Labour le confirme, on défriche ci des terrains personnels. La formule est à part, l’apport du saxo est de taille et l’approche variée, jamais normée. L’instrumental a des airs kraut bien entêtants, mais dépasse le genre en question. La paire australienne ne se définit pas, c’est la raison de l’engouement qu’elle suscite tant sur disque qu’en live.
The Worker noie sa voix, la fait démente. Il se syncope, en proie à des remous incoercibles. De partout fusent les sons, psychiatriques. Earthly Times, moins givré, plus dépaysant, fait dans le climatique qui sans nous demander notre avis, nous impose psyché perché et voyage aux recoins du globe, dans un canevas qui bien évidemment s’agite et dévie. The Real Work renferme une diversité de tons, d’ambiances, qui en font un must. The Big Quit use de gimmicks fatals, vire stoner, 70’s, et retient à son tour un peu plus que l’attention. Il perturbe les sens, engendre l’addiction pour ceux qui comme moi, ou peut-être toi, accordent leur préférence aux textures osées. Major Beef, où les samples font derechef merveille, en est. Il se déploie avec, dans le même temps, classe et légèreté, saupoudré d’élans hérissés. Balance le suit, traçant sa route avec une fougue terrible. J’adore, et puis c’est tout. Risky Behaviour, porté par l’élégance, aérien, ne faisant au final que raffermir mon adhésion à l’opus, décalé et sans équivalent connu, qui en plus de son incommensurable valeur met une fois de plus en exergue le talent des artistes issus d’Australie.