Initialement sorti en 1987, la fameux Neurotica de Redd Kross, le groupe des frères McDonald, a l’honneur d’être réédité par Merge Records, agrémenté de ses démos, pour son 35ème anniversaire. Si Phaseshifter, paru lui en 1993, est un peu mon album fétiche, force est de reconnaitre que Neurotica, excité, dopé à l’énergie rock’n’roll fuzzy, doté de mélodies qui le relèvent, fait lui aussi bien plus que son effet. Du titre éponyme, qui le premier ferraille dur, pop’n’roll éraillé, au terme des débats où se place ce Beautiful Bye-Byes (Demo) subtil, ce n’est que régalade et, très régulièrement, bourre-pif rock des plus teigneux. Play my song et ses accents Beatles -c’est une constante chez Redd Kross-, Frosted flake et ses deux doigts dans la prise font que bien vite, on s’entiche d’une registre électrisant, aux guitares particulièrement mordantes (Janus, Jeanie, and George Harrison). Rien à jeter, tout à conserver, c’est ainsi qu’on pourrait qualifier le disque qui, de temps en temps, glisse avec succès sur le terrain d’un hard d’époque. Love is you offre un intermède folk, fin, auquel succède le rentre-dedans Janus, Jeanie, and George Harrison, nommé plus haut, et ses solos fous. Ca fait le plus grand bien, ça purge, ça évacue sévère. De la pop au rock qui transpire, le groupe maîtrise son propos. Il marie ses voix, convoque des airs séduisants. Tout ça s’écoute fort, d’un bout à l’autre, sans discontinuer.
Ainsi It’s the Little Things, puis ce Peach Kelli Pop hardisant, gardent-ils le cap d’un éventail tenu, où s’empilent les standards. Le niveau ne baisse jamais, McKenzie suit à la croisée des mélodies et du son rêche. De Redd Kross on aime tout, sans omission aucune. Tatum O’Tot and the Fried Vegetables, en une minute et demie, tranche dans le vif. Sa vigueur est punk, Ballad of a Love Doll présente lui des abords plus poppy mais, évidemment, passés à la moulinette d’un rock ardent. Je devrais, au vu de l’excellence de l’album, m’arrêter à chacune de ses étapes. What they say, hurlé et ondulant, marie rage et rythmique élastique. De titre en titre, Redd Kross grimpe de manière sûre vers les sommets de la sphère rock. Ghandi Is Dead (I’m the Cartoon Man) parachève son ouvrage, dans une culbute appuyée qu’on se prend dans les fouilles avec un bonheur non feint. Tout en notant, éclatantes, les ritournelles de quatre hommes de Hawthorne, California. Si on ajoute, à cette fringante collection, une enfilade de démos près de l’os, (Pink Piece of Peace (Demo)), qui ont le mérite de dévoiler Redd Kross sans fard ni production par trop poussée -ce n’est de toute façon pas le genre de la maison-, il va sans dire qu’on tient là une ressortie de tout premier ordre, percutante, pertinente et bien exécutée.