J’ai vu en concert dans ma ville, hier soir, Catalina Matorral. Ce fut beau, j’ai de suite pensé que j’avais laissé passer le dernier Borja Flames, où Marion Cousin qui « préside » le projet vécu en live ce samedi épaule le druide de génie qui instaura Borja Flames, au mitan des années 2010. Lequel bénéficie aussi de l’appui estimable, en l’occurrence, de Paul Loiseau et Rachel Langlais. Nuevo Medievo est le troisième album de Borja Flames, après notamment Rojo Vivo qui un jour d’errance et d’investigation sonore, casqué à la Fnac où pour une fois, l’indé avait droit de cité, je fus happé par l’univers du groupe. Me voilà donc à décrire, fortement incité par la prestation live de la paire essentielle, ce disque inclassable, chanté dans plusieurs langues et de ce fait, d’autant plus captivant. D’un genre qui ne dit pas son nom, il débute au son d’un Big bang qu’on écoute presque religieusement, capturé par son climat gris et ses voix alliées. Par sa texture aussi, d’une électro d’église à la bien belle emprise. A toi qui aime la différence, la créativité à la fois libre et rigoureuse, alors Borja Flames siéra. L’hispanisant Superaciónn, agité et et oscillant, intime dans les voix, t’attirera de par ses abords. Il y a incontestablement, chez Borja Flames, ce je-ne-sais-quoi qui le place à part, à l’orée du normé. Cette capacité à attraper l’attention, à la retenir durablement, à perturber nos bases, que Negro negro valide intimement.
On se situe là, vous l’aurez compris, dans des terrains inédits. Magnetismo, bien nommé, joue une électro-cold aussi sensitive qu’exaltée, emballée, cadencée. Cold, disais-je? Pas seulement car derrière ces teintes froides, il y a de l’enjouement. Ecouté plus d’une fois, Nuevo Medievo t’étreint. Dompté, il se laisse goûter. Il sort, de plus, sur deux labels de qualité indéniable. Titán, psyché, dure peu mais t’encéleste sans émission. Marioneta, mécanique et lui aussi finaud, assied le pouvoir d’une galette truffée de titres partis à l’aventure, minimaux dans leur divagation. Et merveilleux dans le sens où ils élaborent, sécure, un refuge sonore où seul l’initié s’attardera. Pour ma part, j’y traine volontiers mes guêtres. Sin cabeza, entre sons qui grincent et vocaux unis à nouveau magnifiques, m’y retient. Durablement. Nuevo Medievo, c’est une échappée. Une fuite. Vers des lieux qui protègent, dans le refus ouvert d’une norme si toxique. Le titre éponyme, « pa pa pa pa paaa » joyeux in the pocket, m’oblige à me convertir. Borja Flames, de plus, balourde ensuite une sorte de new-wave alerte, appelée De qué, complètement jouissive, que des bruits trop bons transforment en bonbon. Acidulé, mais qui fond sous le palais. Obsédant, à l’instar du reste. Tout comme Credo, ultime offrande aux No crean qui pénètrent les esprits si ouverts ils sont, et c’est marre. Superbe opus.