Vania de Bie-Vernet, le retour! Tu parles d’un retour, le mec a pondu 6 albums en son nom, et 28 en 11 ans sur le label Super Apes, sous divers pseudonymes. Il a toujours été là, en fait, à nous les briser avec sa zik que si tu cherches à la comprendre, tu finis complètement chèvre. Sur Discreet Industry, il s’en vient donc nous déranger avec, dans sa besace de mec qui sait pas chanter (c’est évident puisqu’ici, zéro lyrics au programme), onze morceaux de n’importe quoi qui te fera suer. Et remuer. Si si, de toute façon Mass pattern ne te laisse pas le choix en t’assommant de sa disco spatiale et entrainante. On y renoue, fallait s’y attendre, avec les sons trippants du bonhomme. Ses trames synthétiques aussi, qui tiennent avec trois touches de clavier. Et qui, à l’envi, sortent du cadre. Qu’il se garde bien de poser parce que ça, t’façon, c’est juste pour les éducs comme moi. Le cadre, indispensable, dont Vania n’a que faire. Mais lui est musicien, enfin je crois, donc bon, pas pareil Mireille! Un peu plus au sud, il groove imparablement, un peu cinématographique, un peu jazzy, céleste, délié, perché. Ca s’écoute jusqu’à la nuit, ce putain de truc. Je vous avais prévenus, quand il commence à faire ch+++ ça peut durer longtemps. Genuine Contact détourne le jazz, ses sons de basse m’obsèdent. Pendant ce temps là, le mec est pas foutu de faire une vidéo pour illustrer son disque. Quel flemmard! Au lieu de ça, il nous claque son Crédits Solaires dont je pousse le volume, pour choper ses soubresauts et convulsions, ses cuivres magiques, ses ondulations funky qui te propulsent sur la piste. Ou la quittent, c’est selon, car Vania se fout des formats. Encapsulated les dégomme, il louvoie entre les genres, je le dirai électro mais c’est par paresse. Level up s’emballe, breake presque dub. Die and Retry virevolte, dépayse, impulse le voyage. Je sais pas où, mais j’en suis. Discreet Industry ne cesse de rebondir, de changer de chemin, sans perdre une once d’impact.
Dark Fantasy suit, psyché. Syncopé, vrillé, génial. Discreet Industry, c’est une virée en vaisseau, très spatiale, agitée aussi, aux paysages sonores inédits. Tanzania, bien nommé, te vire de France. Il y a bien longtemps déjà, t’façon, qu’on s’est fait la malle. Et ça fait pas de mal, loin s’en faut, puisque c’est au son de Vania De Bie-Vernet qu’on s’échappe du réel. Son registre aura du mal à se faire des ennemis, sauf chez ceux qui kiffent la radio. Escapism est à l’opposé de ça, dans ces sphères où l’errance embrasse l’excellence. Le morceau est fou, cadencé, à danser, no-genre mais pété de style. Circular Semi Move termine le foutoir, captivant, en pulsant irrémédiablement. Les sons s’y entrechoquent, sans calcul ni vautrage. J’adore. Fini? Nein, herr general! Moi le scribe, grand privilégié, j’ai trois bonus en guise de cerise. Sur le gâteau qu’est ce skeud, savoureux, agrémenté d’un Rings à la funk d’une autre ère, 80’s maybe, mais aussi d’aujourd’hui. T’es perdu? Normal, c’est un peu le but. Pah pauw, percutant, accroit le plaisir. On se tape, à nouveau, des sons qui régalent. Qui font les fous, se répètent et rentrent dans les têtes. Les drums ne se contrôlent plus, mazette!, je ne sais plus comment décrire la galette! Lost sax, au terme de celle-ci, m’offre une ultime envolée d’un jazz feutré, sur le fil, majestueux et à l’écart, cosmique et frappadingue. Là où Vania De Bie-Vernet, sur son terrain favori, invente pour nous, et pour notre plus grand bonheur auditif, ses ritournelles addictives à s’envoyer par écoutes en rafales. Le tout chez Super Apes, je me plais à le répéter, où on affectionne ces zicos qui font les singes et se triturent les méninges tout en stimulant les nôtres.