Connue notamment chez Minimal Compact, photographe et vidéaste internationalement reconnue, Malka Spigel est aussi, avec son partenaire et collaborateur de longue date Colin Newman (Wire), la moitié du duo électro-kosmiche Immersion et membre du quatuor Githead. Ce Gliding & Hiding rassemble l’ EP Gliding, sorti en 2014, et des morceaux retravaillés du mini-album Hide, paru lui en 1994. Y interviennent, en plus de Spigel elle-même, Newman à la guitare et aux claviers, Ronald Lippok (Tarwater & To Rococo Rot) à la batterie, plus Gil Luz et Uri Frost (Mambas), respectivement aux claviers et à la guitare. Julie Campbell y signe quelques guitares, tout comme Matthew Simms de Wire. Quid de cet idéal rassemblement, donc? Eh bien une magistrale suite de morceaux shoegaze, doux-amers, lancés par un Strumgliding enchanteur dans un songe dreamy pas loin de l’estival. On sombre là dans une douce torpeur, au son de gens qui se situent dans le globe de la sur-excellence. Hacol Zaram Beyachad enchaine, plus figé et tout aussi prenant, avec l’atout du dépaysement linguistique. Magnifique. On poursuit donc volontiers, s’ensuit ce Tall Grey Buildings découpé dans le même rêve étoilé. Aussi alerte qu’éthéré, il m’évoque « mes » délicieuses 90’s.
Si tu en es, toi aussi, alors ne te prive surtout pas de la galette que je tente de décrire en ces lignes. Dreamwalking, bourru, sombre, syncopé, s’inscrit qualitativement dans la lignée d’un recueil indispensable. Il hypnotise, laisse flotter ses sons et son chant. Il se floute, obsède aussi et s’acidule. J’adore, c’est pour moi de l’or, sous la forme de pépites noisy au pouvoir affirmé. Hide, mâtiné d’électro, trace et voit lui aussi ses sonorités faire des loopings, sans crasher. Il dépayse, apporte une touche électro-pop psyché et spatiale, expérimentale. Le chant de Malka en émerge, comme à l’habitude cotonneux. I just want s’agite ensuite, cold, exotique dans certains de ses bruits, très My Bloody Valentine dans ses nappes brouillardeuses. La voix s’y obscurcit, le rendu est entièrement concluant. On s’évade, d’un monde fade, à l’écoute de Gliding & Hiding.
Lequel, nous maintenant en apesanteur, nous berçant de ses ambiances ou nous malmenant de ses quelques excès, produit un effet durable. Que Besof hayom, tranquillement, assied définitivement. L’album est court, on en vient alors et déjà à son ultime fournée. Nommée Returning Wheel, elle se poste à son tour entre allant et penchants célestes auxquels on ne peut que se plier. Au vu du regroupement de musiciens pour le moins « qualifiés » -le mot est faible- mobilisés pour la réalisation de Gliding & Hiding, il n’était que modérément concevable de craindre le faux-pas, que tout ce petit monde contourne en nous léguant huit plages à l’emprise salvatrice. Superbe.