Depuis How Did I Find Myself Here?, en septembre 2017, The Dream Syndicate se rappelle à mes bons souvenirs et effectue un come-back victorieux. Né au début des 80’s, le groupe emmené par Steve Wynn tempère cette fois son rock, plus pop, auquel il offre de superbes écrins de départ (Where I’ll Stand et ses ritournelles de synthé sur lit de guitares douces, magnifique, presque psyché, puis Damian et sa prestance sonore, ouatée, détendue). On est là dans de la pure beauté, gentiment griffue, qui permet aux Américains d’embrayer joliment. On se laisse porter, sans difficultés. Beyond Control déroute, ses sonorités d’orient le décorent avantageusement. Il émerge doucement, puis se met à filer. Merveilleux, lui aussi. Il se nervure, m’évoque les montées d’un Ghinzu sur son étincelant Blow. Chez Fire Records, encore, The Dream Syndicate balaie toute forme de doute quant à sa bonne avancée. The Chronicles Of You, au timbre à la Lou Reed, se déploie selon une trame atmosphérique, aux souillures mesurées. On trouve le ton juste, l’équilibre entre les tendances. Envolées célestes, syncopes amicales caractérisent le titre.
Quelques délices plus loin Hard To Say Goodbye, pop-folk, se déroule lui à la Mazzy Star. Lancinant, presque figé, fragile et délicat, il n’aurait sûrement pas dépareillé sur le Stoned and dethroned des frères Reid. Tout est bon, sans conteste possible, sur ce disque dont on attend cependant la sortie de route. Every Time You Come Around nous l’offre partiellement, alerte mais poli, réellement concluant en tous les cas. Dans son parti-pris cotonneux, parfois plus agité, The Dream Syndicate enchante. Trying To Get Over, plus ouvertement rock, lui assure ce côté acéré qui contribue à le parfaire. On n’y trouvera rien, c’est un fait, qu’on ne puisse mettre en cause. Lesson Number One mord lui aussi, gouailleur dans le chant, tout en renvoyant du style. My Lazy Mind, entre rythme épars et retenue au fond bluesy, me fait songer à Elysian Fields. En atmosphère accrocheuse, en qualité aussi. On prend note, entre autres, de l’apport de Stephen McCarthy (The Long Ryders) et Marcus Tenney au sax et à la trompette, sans aucune surcharge.
S’il n’est qu’occasionnellement frontal Ultraviolet Battle Hymns and True Confessions, à chacun de ses chapitres, retient toute l’attention. C’est à Straight lines, jolie torpille rock dynamique et sans concessions, que revoient l’honneur de conclure. Son énergie, son bruitisme en font une issue idéale, là où on justement on pouvait craindre le coup de mou. Il n’en est rien, ce terme efface même complètement la sensation de « trop avenant » qui aurait pu illustrer le disque. Lequel, dans sa justesse entre force et abords apaisés, flamboie sans discontinuer et dote le groupe de Los Angeles d’une nouvelle étape marquante, fièrement dressée sur le bitume d’un cheminement discographique exemplaire, depuis longtemps reconnu.