Depuis son Live bullet song, j’adore le Tchewsky & Wood de Gaël Desbois, Marina Keltchewsky et Maxime Poubanne. Son électro cold, majestueuse autant que venimeuse, m’envoûte. Alors dix nouveaux titres, recueillis sous la forme de ce Silent Partners à l’accroche affirmée, pensez donc….! Basé sur une dizaine de portraits de femmes en prise avec un interlocuteur mystérieux (une voix intérieure dans Pier 28 ou Housewife, un enfant en gestation dans Silent Partner) ou dialoguant avec des figures mythiques telles que Médée, Cassandre ou encore une certaine Miss Lala, l’opus fait bien plus que son effet. Pier 28, d’une électro à la spatialité façon Young Gods, l’inaugure avec pas mal d’allure. Marina, de son chant, fait merveille. Miss Lala débute ensuite posément, avant de séquencer sévère dans une « coloration » froide et rythmée. D’emblée, Tchewsky & Wood pose sa patte. Il griffe, fulgure, fait preuve d’imagination dans ses sons. Babel, lui, allège un peu le discours…avant de, tout de même, servir des chapes sombres que forcément, la voix s’en vient typer. On retrouve le trio au meilleur de sa forme, de ses formes, entre ciel et élans physiques.
Avec Vmeste S Taboï, génialement robotisé avant de renouer avec l’humain, on décolle une fois de plus. Dans la finesse du décor, dans un Russe qui transporte alors qu’ailleurs, Français et surtout Anglais sont aux manettes, l’auditeur chavire. Blind Cassandra, placé lui aussi entre sulfureux et majestueux, étend l’impact. Martial Pauliat, chanteur ténor, assure les choeurs alors qu’ Etienne Caylou, producteur et ingé-son, se charge des claviers. L’équipe est bien en place, soudée, performante. Virus hunter, en narrant l’amour viral, fait virevolter son électro. On note, ici comme ailleurs, la grandeur de l’étoffage. Silent partner suit, de velours, cadencé, céleste et nuageux. Sur son disque, Tchewsky & Wood brosse un champ large mais pertinent. D’obédience électro, certes, mais passé au filtre d’idées en nombre. Bourré d’identité. Dancing Barefoot, d’abord élagué, finit par s’emballer. Offensif, serti comme à l’habitude avec goût et soin. Rien n’est à jeter, comme on s’y attendait, sur la dizaine magistrale que nous lègue le clan. Housewife fend l’underground, acidulé, jusqu’à complètement ancrer l’album dans notre quotidien.
Photos Pauline Goasmat.
Il est en effet addictif, très vite, et ne laisse guère planer le doute quant à la fiabilité des artistes qui le façonnent. Au bout du chemin Centaure, « in French » dans le texte, allie mot, expressif, décalé, et sonorité, glacée, toutefois éclairée par des envolées légères. La recette est tenue, efficiente à souhait. Le morceau m’évoque Mansfield.TYA, il est par conséquent de taille et sans failles. C’est d’ailleurs le cas de Silent Partners dans son intégralité, prenant et mordant, déviant et insolent. Une galette, aussi, toute en classe -vocale- et marque -sonique-, dont le noir éclat ne surprend guère dès lors que l’on connait la propension de Tchewsky & Wood à tracer ses propres figures musicales.