Magon, c’est entre autres un In the blue d’excellence, sorti il y a moins de six mois. C’est maintenant A night in Bethlehem, soit dix titres tout aussi rutilants que l’Israélien de base peaufine et acidule avec le goût qu’on lui connait. Il démarre en terres psych-cold, le temps d’un Halley’s comet qui nous fait décoller et se vrille de sons psyché délicieux, bien psychotropes. Idéalement lancé, A night in Bethlehem lorgne vers le ciel, mais aime aussi à s’assombrir. Fire on fire se fait « sage », poli dans le chant, au gré d’une pop psyché une fois de plus bien ficelée. On y trouve des guitares de choix, un brin Pixies -Magon aime le clan de Boston-, des airs aériens qui nous accompagneront sur un bout d’chemin. Gabi came in complète le trio d’ouverture en suivant une trame rêveuse, dénudée, qui assez vite prend de la vie. Et s’obscurcit, avec éclat. Ou brille dans l’ombre, c’est selon. Reste de toute manière, vierges de tout défaut, les mélodies et instrumentations de valeur estampillées Magon. Ses compositions, irréprochables.
Il en est ainsi de This man, posé, qui amorce un passage où le tempo retombe légèrement. Mais l’ornement, beau et acidulé, vaut le détour. Les guitares s’aiguisent ensuite, le chant demeure tranquille. Ca fonctionne bien, plus loin le charme se réitère avec Song number 5 et son rythme débridé. Ses voix, aussi, mélodiques sur lit pop vivace et noisy mais aussi avenante. Magon collectionne. Les pépites. Magon enfile. Les perles. Musicales. Il est en plus prolifique, on l’imagine parti pour nous trousser une discographie à la Guided By Voices. Pour l’heure le titre éponyme, rock, vient s’ajouter au listing des réussites enthousiasmantes. On se tape, à nouveau, décor valeureux et mélopées alertes, avec une sensibilité que le chant relate avec mérites. Solide, l’album ne plie jamais. To Sam with love prend des airs doux, s’abandonne au songe avant de s’animer. On relève, c’est une constante, l’étayage de qualité. A Night In Behlehem est le quatrième opus de Magon, on parlera par conséquent de valeur sûre à laquelle contribuent ici Ferdinand de Fournoux (drums and percussions) et Alexa Rotarescu (backing vocals).
Ashley’s bend le confirme d’ailleurs, céleste, finaud. Notons aussi la pochette, colorée, qui repend une gravure de Flammarion. Ashley’s bend, passé son début, pique et renvoie des sons électro inédits. On adore. A la fin des festivités Death creeps in, folkindé, à l’acoustique magnifique, voit l’album maintenir le cap. Magon se distingue, de bout en bout, et démontre une certaine adresse dans le sertissage de ses efforts. C’est le cas sur ledit morceau, avant que Miracle whips ne vienne finir en filant, agile, porté par une pop-rock turbulente. Entre étoiles et registre plus physique, plus charnel, entre couleur et zones d’ombre, A Night In Bethlehem honore largement Magon, tout en entérinant des dispositions que de notre côté, nous avions d’ores et déjà validées.