La dernière fois, c’était les Sisters of Mercy. Du noir Eldritchien, revisité par les plus fines lames de nos recoins obscurs. Aujourd’hui c’est Bauhaus, éclairé par la même torche souterraine, qui se voit « Honoris » par une ribambelle de formations de chez nous et d’ailleurs, d’une manière tout aussi persuasive. « PPR », le routard aux vies multiples à la tête d’Unknown Pleasures Records, convoque en effet des « peugrous » (je remercie, pour l’idée, un proche spécialiste du verlan) qui, ici, posent leur patte avec brio sur le registre de Murphy and Co. Je termine à peine de taper cette ligne (de basse) que la classe d’un Versari, sur Terror Couple Kill Colonel, fait mouche avec une intensité toute…Versarienne, si tu connais pas je ne peux plus grand-chose pour toi. Post-punk cold, à la puissance rentrée, pour une ouverture sans déconfiture. Jean-Charles s’époumone, un sax vient déchirer l’azur. Enfin, l’azur, façon de parler. C’est plié et toi, tu lui files tes voix. Sauf qu’ici, c’est pas des fripouilles qu’on élit. SFD & DIAMOND DOG, de son In The Flat Field d’abord bridé, vire bien vite à l’assaut jouissif. Mazette! Guitares en guerre, chant remonté. T’y peux rien c’est comme ça, c’est si bon que tu le remets sur le play sans trop réfléchir. Ca va s’étendre sur dix-huit titres alors accroche ta ceinture Arthur, tu vas prendre une sacrée biture.
OPIUM DREAM ESTATE y va d’un Double Dare lourd, traversé par des guitares de plomb. On connait son savoir-faire, nul besoin d’en refaire état. La voix incante, bon bref là aussi c’est tiré du meilleur tonneau. Et puis voilà THE MARRIED MONK -ahlala ces Rennais!!!-, qui avec le légendaire Emmanuel Hubaut embellissent Who Killed Mister Moonlight tout en en conservant le vénéneux. Et ouais! Alors que KILL SHELTER, quand vient son tour, déflagre She’s in parties. Sombre, prenant, sans fautes là non plus. Ca t’emporte. Break vaporeux, et puis voilà qu’on repart dans le zébré. SELFISHADOWS se charge à ce moment de Kick In The Eye, qu’il « sensualise » dans le chant, d’abord, avant d’en réitérer la basse légendaire, le chant se montrant un brin plus « lumineux » que sur l’original. Si reprise(s) il y a, elle(s) porte(nt) immanquablement la touche de ses/leurs auteurs. SWESOR BHRATER glisse dans la collection King Volcano, superbement affiné. Dans la voix, dans l’étoffe. JUDITH JUILLERAT syncope Hollow Hills, à sa manière également. Elle susurre, crée en étayage des sons qui volent. Excellent, comme YEARS OF DENIAL et son All We Ever Wanted Was Everything qui s’anime de manière lancinante et progressive, serti de notes superbes. CRYSTALLINE STRICTURE feat M. McIntyre – Swing The Heartache lui emboite le pas, en saccades lui aussi, dans l’atmosphérique vicié/acidulé. Avant que LA MAIN – The Three Shadows part 2 n’offre pour sa part une ambiance dark aux motifs obsédants car répétés, céleste. Avec, en renfort, des voix déviées.
Tout s’enchaine sans qu’à tel ou tel moment, tu te dises que là, l’ennui survient. BLIND MELON porte le Mask, dans une électro-cold maison qui évidemment ne rate pas la cible. L’élan se brise, on tape dans le brouilllardeux. C’est presque psyché, mais dans le tordu élégant. Tout ça mêlé oui, histoire de déblayer le terrain pour CHRIS SHAPE ft. Su Eko [VELVET KILLS] – Bela lugosi’s dead, à l’envoûtement étendu sur plus de 7 minutes…EBM?…électro? On s’en balance, ça pulse façon tunnel de groove noir. Irrésistible. Vire tes produits fortuits, ce truc-là t’enverra dans les cieux sans les effets néfastes. RADIKAL KUSS – Dark Entries t’y servira une trame d’obédience électro, à nouveau, glacée et de chant mutin. SOJ feat Petra Flurr te jouera après ça un Lagartija Nick au rythme asséné, façon Sisters of Mercy, tiens, martial et de sonorités virevoltantes. Régal, chants associés dans un registre à l’écart du convenu. MYNATIONSHIT feat From Hell – Slice Of Life, avec allant, raffermit l’impact de la série. On se demande bien où tous ces gens s’en vont chercher autant de talent. On en a fini, à cette heure, avec le recueil mais il semblerait que ce soit trop peu puisque deux bonus surgissent de la nuit, à commencer par ALPHA SECT Electrified Remix feat. Oroboros – Dark Entries. Un effort alerte, en secousses nourries, nuptial et relevé.
En toute fin d’hommage EDGAR’S DREAMS délivre son Hollow Hills, ombrageux, en nappes éthérées qui concluent avec un pouvoir d’accroche dingue. C’en est fait, on se retrouve une fois de plus avec un répertoire d’une part fourni, doté de groupes de valeur conséquente, et d’autre part avec une enfilade de morceaux revus avec panache, jusqu’à former un tout pertinent, captivant, largement à la hauteur de ce qu’on pouvait initialement en attendre. Le tout en CD, Vinyle, Tape et Book parce que chez UPR, on s’est jamais trop foutu de la gueule du monde et et encore moins de celle du client.