Avec dans ses rangs deux membres de Ceremony (Ross Farrar au chant, Jake Casarotti à la batterie), auxquels se joignent Cody Sullivan (basse), Ian Simpson (guitare), Michael Bingham (guitare) et Tori Skudlarek (violon), Spice torche des morceaux indé mélodieux-impétueux, que ce Viv qui est son second album fait défiler sans vaciller. Sans révolutionner quoique ce soit, non plus, mais en faisant les choses avec mérite et conviction, il s’appuie d’abord sur un enflammé Recovery pour mettre la marmite en ébullition. Le départ est idéal, les saccades en rudesse d’Any Day Now le valident dans la foulée. On ne rejette pas la mélopée, loin s’en faut. On se prend juste, et avec justesse, à la faire s’agiter, à la malmener soniquement. Les guitares ont du style, le chant peut se popppiser ou sombrer dans une rêverie délectable, pas loin du shoegaze (Ashes in the Birdbath). Pour l’heure, au bout de trois efforts, Spice convainc sans avoir à forcer le trait. Threnody, wild et lancé à toute vitesse, rajoute de l’huile sur le feu. Ardent, il nous en met plein les dents. On se surprend, alors, à souhaiter que tout s’enchaine ainsi, dans la fougue totale. Melody Drive, où le violon s’illustre, prend une tournure presque post, traversée par des voix cinématographiques. J’accroche alors moins, moi le fan de rock qui déboule.
Mais le climat, grinçant et racé, vaut pourtant le détour. Dans l’élan Dining Out, bourru, se poste entre pop, rock et touches massives. Réussite. Live Scene aussi, dans un rock vif et pétillant. Viv sort chez DAIS Records, ça le crédibilise d’autant plus. Vivid, mélancolique, confirme sa belle allure. Airs engageants, passages rentre-dedans voisinent dans l’harmonie. Spice tient son registre, propose un disque uni et cohérent. Il s’aiguise, reste malgré ça beau et présentable. Bad Fade en fait montre, il percute et rudoie mais conserve sa brillance, tant dans ses guitares que sur le plan vocal. Il dévoile, de plus, un duo chanté notable. La fin est proche, on n’a pas vu le temps passer puisque sans interruption, les bons moments se sont suivis. Le sextette a le bon goût, de surcroît, de finir sur un Climbing Down the Ladder entre secousses et douceur trompeuse, évitant de ce fait de laisser retomber le soufflé. Spice sera, pour le coup, resté élevé du début à la fin, dans une veine rock constamment maîtrisée et valorisée par une dizaine de compositions dont aucune ne le voit plier.