Mellano Soyoc, c’est l’union d’une voix; celle de Mona. Chaude, ample et intense, autrefois bien plus froide sous étendard Kas Product. D’instrumentations sinueuses, majestueuses, fissurées. Bruyantes, distinguées. Celles d’Olivier. L’union de deux êtres qui en commun, ont cette faculté à se fixer des règles très précises, hors-cadre; les leurs. Ce n’est donc pas un leurre si la rencontre des deux -la dame, organe magique; l’homme, créateur et collaborateur invétéré- débouche sur un opus typé, testé en live puis figé sur bandes par l’excellent Romain Baousson, qui oeuvra aux tambours avec le plus que regretté Dominic Sonic, et l’inénarrable Nicolas Dick. Une team de rêve, réunie pour enfanter une galette libre où tout s’écoute avec un plaisir qui ne cesse de s’étendre. Alors Enjoy, on débute entre feu et glace. Mona envoûte, on pressent l’implosion. Mais la retenue, magnifique, fait sensation. Les guitares zèbrent, animales, encore bridées toutefois. Mais bien présentes, Mellanoesques. Le rythme s’affirme. On atteint des sommets de puissance rentrée, plus ouverte ensuite. Amorce délice, suivie d’un Avatar dark et plombé. Noir, leste autant que massif. Comme si PJ Harvey, déesse du Dorset, fendait les ténèbres à grand renfort de majesté chantée. Sauf qu’ici c’est Mona, et Olivier, qui imposent leurs fructueuses idées. Mellano Soyoc donc, pour vous servir et vous ravir.
Hearts, plus cordial (pardon…), laisse poindre une menace en fond, sert des sonorités qui inquiètent. Lui aussi, passé ses premiers soupirs, s’agite et finalement, se fait tube dans un geyser de force rock sur le fil. On le ressent, on le comprend; Mellano Soyoc, c’est du grandiose à tous les étages. Et jamais de bas étage. Une alliance toute en défiance, qui le temps de son Come in the Winter « folky », au climat raffiné, étend son spectre avec brio. Et laisse ses guitares, sans restriction, placer une échappée noisy de bon aloi. Habillé de classe, Alive nous rend la vie meilleure. Il se veut Unvulnerable mais peut faire preuve de fragilité, splendide. Sur ladite composition, c’est l’impression qu’il laisse. C’est beau, c’est obscur, c’est fin jusqu’à la fin et puis, presque soudainement, ça vire belliqueux et convulsif. Mona ensorcèle mais ça, si t’es pas au courant c’est que t’es plus en phase. Not sleeping, à la moitié du chemin, privilégie l’atmosphérique. Il se dépare, à nu ou en tout cas, libéré du superflu. Mona enchante mais il me semble que quelques lignes en arrière, j’ai déjà évoqué le fait. Son acolyte, fidèle à lui-même, lui prépare des écrins qui te dressent le crin. Dragon, cold et pesant, transporte. On n’a pas fini, ce Alive, d’en parcourir tous les recoins.
Photos Adrien M et Claire B.
Save you, qui à son tour grimpe les marches vers les cimes de la force mélodique, complète l’ouvrage dans la persuasion. Mona captive, le savais-tu? Olivier performe grave, l’avais-tu perçu? C’est récurrent, ça ne peut donc t’échapper. One great Desire comble le notre, de désir. Subtil, il ne tient qu’à un fil. Dont il glisse, au gré d’écarts mesurés. Un régal. Musicalement, Alive est un édifice inébranlable. Idiot pulse d’une électro rythmée, il complète une palette attractive en tous points et ne se prive surtout pas de s’endiabler. Depuis longtemps, depuis son annonce, j’attendais Alive en rongeant mon frein. Je le dévore, j’en pousse le volume, j’en prends la mesure. Il est tard, écouté tôt il produit de toute façon le même effet. Rider with his Sword, dans la nuit, mue en drone. Mellano Soyoc s’offre, en plus d’un disque de valeur supérieure, une pochette visuellement fatale.
C’est Christy Lee Rogers, pour le coup, qu’il vous faudra louanger. Avant ça Grateful, finaud, aura fermé la marche dans un nacre sonore hypnotique qu’évidemment, le chant de Mona met en valeur. Spatsz, s’il était parmi nous encore, en frissonnerait. De plaisir, vous l’aurez saisi. Alive collectionne les pépites, se tient autant qu’il tempête, fait preuve de caractère et d’un éclat musical de tous les instants, au point de prendre place dans le rayon des indispensables de ce mois de mai où pleuvent les sorties qualitatives.