Deuxième album de la sirène Tess Parks, neuf ans après Blood Hot sorti lui sur le label d’Alan McGee, 359 Music, And Those Who Were Seen Dancing fait suite à de multiples tournées mais aussi à de fructueuses collaborations avec Anton Newcombe. Il se veut familial, amical car conçu dans cet esprit, entouré de proches. Il résulte, aussi, d’une longue période de découragement et à cela, il répond par une attitude positive, que le pouvoir des mots renforce. Il est magnétique -on connait, déjà, l’attrait du timbre de la dame-, d’une beauté à tout péter, un brin sulfureux parfois. On l’aimera, Wow l’inaugure d’ailleurs dans cette lascivité à la Mazzy Star qui d’entrée de jeu susurre et suture, capturant l’oreille. On s’envole, en fort belle compagnie. Le titre s’acidule, vire noisy et le chant s’emphase, merveilleux. Suzy & Sally’s Eternal Return ne l’est pas moins, dans cette détente faussement tranquille qui se pare de guitares douces-amères. L’hypnose est en route, elle berce autant qu’elle peut rudoyer. Et ce, avec classe et brio. Happy Birthday Forever se dénude, psyché, avant d’onduler de manière dépaysante. Magnifique. On en loue, comme sur toute autre composition, le décor étincelant. L’ombrage, caractéristique de l’artiste, tellement séduisant.
Le voyage vaut la peine d’être vécu, l’attente fut de plus très longue et aiguisa l’envie de nouveauté. Tess Parks, de titre en titre, consolide son emprise. Sur toi, sur moi, elle a prise. Le folky et lo-fi We Are The Music Makers And We Are The Dreamers Of Dream, tant par son nom que par ses atours, consacre un début d’album addictif. Lui aussi s’orage, flottant dans une turbulence mesurée. Brexit At Tiffany’s lui succède en suintant une voix « à l’oreille », intime, sur étoffe jazzy triturée aux motifs superbes. On succombe. Old Life, de ses cordes à la majesté magique, servant lui une dream-pop d’éclat. Alors que l’excellentissime Do You Pray?, rock et alerte, éclabousse le tableau de ses sons écorchés. C’est acquis, je suis converti. And Those Who Were Seen Dancing sort chez Fuzz Club Records; j’aime aussi, beaucoup, le label londonien et ses sorties sans défaut aucun. Good Morning Glory calme le jeu, mais valide le pouvoir d’un disque-aimant. Et aimant. I See Angels lance une trame plus tourmentée, dans ce registre Tess Parks domine son sujet. Comme partout ailleurs.
Saint Michael, qui émane d’un court poème écrit par Tess alors que, tournée à peine terminée, elle voyait de loin et depuis son van se dessiner le Mont Saint Michel, renvoie une splendeur confondante. En toute fin de parcours se dresse, ne dénotant en rien, un I like it here (bonus track) aux notes de piano répétées, jusqu’à nous captiver. Tess Parks signe un retour flamboyant, dans les tons qu’on lui connait, à la pop psyché porteuse d’espoir et concoctée avec maestria.