Chatain est un duo de loose-pop orléanais, formé de l’inénarrable Boogers et de Quentin Biardeau (Bobun Fever, Pelouse donc fan de bowling). C’est déjà un bon point, connaissant l’esprit et le parcours des deux hommes. Lesquels se sont déjà fendus, en septembre 2021, d’un premier EP de pop électro légère, sur fond de loose assumée, qui distingue leur paire. Celle-ci remettant donc le couvert, à l’aide de ce Savon noir tout aussi délié, parfois trop pour moi car ayant vu le Chacha à l’oeuvre en live, fou et génial, j’espérais de grosses sorties de route. Qu’importe, il y a tout de même là de quoi retenir l’attention; tant par le climat que par ses mots à la dérision inspirée, aux rimes blagueuses, Chatain déteint et nous atteint. Pop, variété bifurquée, il ne reste pas à quai. Il embarque, le long de cinq plages amorcées par l’indélébile Feutre rouge et ses airs jazz feutrés, joliets, aux mots meurtrièrement amoureux. Et poétiques, soulignant des sentiments mis à mal. C’est posé mais au final, on se laisse tenter. Bon, y vient quand le bordel sonore? Calme-toi petit chroniqueur, t’es pas non plus au centre des désirs. PLS s’agite, loin de l’inertie. Il bouscule son rythme, lâche des phases synthétiques vrillées. Ca me va, en plus de ça j’ai droit à des lacets soniques fantaisistes.
Azy copain, on continue? C’est la Noyade, le morceau est d’ailleurs un brin aquatique, en son début. Avant, alerte, de souffler sa pop toute en qualité. Mince, je pensais pas poursuivre! Mais Chatain a du style, je suis sûr qu’il prétend le contraire en plus! Il crèche chez Figures Libres, les siennes le sont et ça s’entend. Temps, de ses « Ouh-ouh-ouuhh » suaves, propose une trame tranquille, aérienne, gentiment syncopée. Le mot prend les rênes, élégamment défaitiste. On met, dans la déroute, une forme de joie. De légèreté, à l’image de ce Savon noir tout de même coloré, un peu. Sophie, au son d’une électro-pop bien entrainante, se charge d’ailleurs de réinstaurer espoir et engouement parce que bon, s’agit pas non plus de sombrer dans la noirceur (notez l’humour…). Le titre de fin coupe la faim, Chatain n’est pas tant que ça dans le pétrin; il offre tout à la fois qualité et identité, s’amuse de ses déboires, en pèse le poids aussi, subit et au final surnage. C’est bien assez pour qu’on approuve son Savon Noir aux parfums de reviens-y, oeuvre d’êtres passionnés et décalés dans ce qu’ils mettent en place.