Duo formé par les frères Mouras, The Doctors avait déjà créé la surprise en 2016, avec son Unterwelt fait de « post punk différent ». Signé chez Icy Cold Records, il se fend longtemps après, soit ce vendredi 13 mai, d’un Modern de la même écorce, doté de six titres qui tracent, développent un profil punk parfois (Allegro, entre cadence punk-rock et effronterie post-punk vaguement shoegaze, en ultime giclée de choix) et sans plus tergiverser, sur le titre éponyme, placent l’opus dans une fronde cold qui file et débite en Français, appuyée à souhait et parée de guitares froides. C’est peu de dire qu’on aime ce truc, entre Frustration et je ne sais qui d’autre, au genre bien calé. Que Zone, joué lui aussi en vitesse, charpente en mariant langue de France et verbe Allemand. Ou Anglais? Je ne distingue pas, ou plus; j’ai les oreilles en vrac mais elles adorent The Doctors. Deux gaillards bien de chez nous, Bordelais qui plus est donc très en phase avec ce « zine ». Leur Liquidateur se souille, sa basse jette du réfrigéré. Le Français, à nouveau, sertit le tout avec une certaine tenue. La paire n’en manque d’ailleurs pas, elle déboite et décore ses efforts de sons à retenir.
Chaos, urgent, remet du charbon dans la locomotive des frangins, décidément au sommet de leur art. Post-punk dans la dynamique, certes, mais aussi et surtout très « eux-mêmes ». C’est bien ça qui fait, de A à Z, pencher la balance du bon côté. « This is the chaos », lancent-ils avec morgue. Pour le coup tant mieux, si c’est le leur on le fait notre. Et puis Icy Cold, comme casbah de disques, on a connu bien pire. Ils méritent d’en être. Arme suprême, qui en est une, mêle mélodies et ombrage, sert un refrain aussi simple qu’il peut obséder. On note, aussi, des voix cinématographiques qui complètement l’ensemble. The Doctors tient en une fratrie soudée, dans le son, qui avec Modern valide ses bons débuts. Les grattes rudes et sans chichis d’ Allegro, cité plus haut, et sa vigueur sans chaines (c’est cette fois-ci l’Allemand, j’en ai la certitude, qui « gutture » le morceau), venant parachever un disque qu’on n’aura pas d’autre choix que d’écouter fort et tous les jours ou presque, jusqu’à l’épuisement, tant il rafale et régale.