Clip et single en mains, fraichement sortis. Second morceau prévu en juin, album planifié pour 2023: Nor Belgraad répond à Will Dum par la plume de son leader, Clément Arnould…
1) Je ne connais rien de Nor Belgraad, si ce n’est qu’il se situe entre Lille et Paris et émane de l’initiative d’un certain Clément Arnould. Peux-tu m’éclairer sur sa « naissance » et ce qui a motivé la création du projet ?
Hello ! Je profite de répondre à ta question à la première personne, Clément Arnould, c’est moi ! A la base, je suis musicien et je bossais pour d’autres groupes. Je jouais de la guitare et des claviers, en accompagnant des artistes sur scène exclusivement. A côté, j’écrivais des morceaux dans mon coin, des bouts d’idées, des débuts de mélodies sur des séquenceurs à droite à gauche…sans trop savoir quoi en faire.
Et puis un jour, les projets avec lesquels je jouais se sont arrêtés, c’était une coïncidence; fin de tournée, phases d’écriture de nouveaux disques, etc. Du coup j’ai commencé à plancher sur ma propre musique, je me suis dit que c’était le moment de le faire. Ca a mis du temps; je ne voulais pas faire ça sous mon propre nom, mais plutôt trouver les bonnes personnes avec qui jouer et partager tout ça, et le groupe est venu de cette manière.
Pour la petite histoire, on a nommé le groupe comme ça parce que Léo (à la batterie) et moi venons de Lille (ça c’est le côté Nord); en ce qui concerne Belgrade, on trouvait tout simplement que ce nom de ville sonnait super bien. Je précise que personne ne vient de là-bas, on nous le demande souvent. On cherchait un nom a la fois cohérent et qui ne se prenait pas au sérieux, c’est pour ça qu’on a retiré ou ajouté des lettres aux deux mots. Tout est parti d’un apéro en terrasse, sans surprise !
2) De quoi se constitue le parcours du groupe jusqu’alors ?
J’avais composé pas mal de choses et fin 2019, ça commençait à prendre forme. A ce moment là on n’était que 3: machines, guitare, chant, assez droit au but. On s’apprêtait à sortir un premier morceau et à partir sur la route avec des dates en France (notamment accompagnés des superbes 2PanHeads).
Le dernier virus mondial en date en a décidé autrement, puis ça m’a permis de changer énormément de choses dans le groupe : intégrer une batterie, reprendre la basse, en fait revenir à ce avec quoi j’avais commencé la musique quand j’étais encore un gosse. On a testé le live en été et en automne 2021, entre des confinements à répétition.
Au final, on a choisi d’attendre que l’orage passe. On s’est enfermés dans un studio de répète à bosser le live en boucle, même si on avait pas de date en vue. Ca nous a aussi permis de vachement peaufiner les morceaux, les refaire, les ré-arranger, et puis surtout monter un concert qui bastonne et qui nous plaise.
3) Votre single Landmarks, est prévu le 13 mai, accompagné » d‘un clip. Comment s’est déroulé l’enregistrement, de même que le « façonnage » du clip ? Est-ce prétexte à véhiculer des choses particulières ?
L’enregistrement du morceau s’est fait comme tous les autres, c’est-à-dire à moitié chez moi et à moitié au studio ou l’on répète. J’aime bien enregistrer de manière hyper directe et le plus simple possible: je présente une vague démo au groupe, on la fait tourner, si on peut on la joue sur scène et on voit ce qui se passe, et après on refait la même chose en studio en mettant quelques micros devant les amplis.
En ce qui concerne le clip, c’était un peu la même histoire : le texte parle de la dangerosité de la suprématie de l’image, ainsi que du diktat du cool que l’on vit au quotidien. Donc on a choisi de faire un clip sans réelle trame, sans message particulier, si ce n’est celui que toutes ces règles n’ont pas forcément besoin d’être respectées pour obtenir un résultat intègre et honnête au final. Un cauchemar pour l’équipe vidéo, Tanguy Beurdeuley à la réal et Virgil Froissart au montage, qu’on embrasse au passage.
4) J’ai lu que Nor Belgraad avait pour but d’être lui-même, sans glisser sur les tendances en vague. C’est tout à votre honneur ! Ce serait donc quoi, ce « lui-même » que Nor Belgraad prétend devenir ?
On prétend surtout devenir un groupe qui fait plein de scène, le reste c’est encore flou. Disons que ce « nous-mêmes » c’est de se poser des questions, de douter, de créer, en tout cas de réaliser des choses concrètes en toute circonstance. Nous sommes tous sensibles et attentifs aux tendances qui passent, parce que c’est important de savoir vivre avec son époque. Cependant on cherche toujours à rester le plus sincère possible, sans nous travestir, ni nous mettre de barrières.
Ce sont des mots qui peuvent sonner un peu bateau dits comme ça, mais on se rend compte que ce n’est pas si facile que ça !
5) Qu’est-ce qui fait d’ailleurs selon vous, pour une jeune groupe, sa spécificité ? Ce qui fait qu’au final, on le reconnaît d’emblée ou presque…
C’est une question super difficile ! Je pense pouvoir répondre, sans trop m’avancer; dans le groupe on écoute tous plein de choses diverses et variées, et globalement, qu’on aime ou qu’on aime pas tout, ce qui nous séduit quoi qu’il arrive c’est de voir des gens hyper sincères et hyper directs sur scène : des gens timides, des gens exaltés, qui savent ou non maitriser leurs instruments, peu importe. Tant que l’émotion est là – et c’est très difficile – nous ça nous plait. Voire même la spontanéité des artistes sur scène, que le live soit plus ou moins travaillé, peut complètement sublimer ou transformer la musique.
6) Dans quelle mesure le live impacte t-il la développement d’une formation qui débute ? Comment, à ce sujet, vos premières dates ont-elles été reçues ?
Le live, pour nous, c’est le ciment de la musique. Tu peux passer des mois à écrire, re-écrire, composer, arranger un super morceau en studio, cependant il se passe un nombre incalculable de choses imprévues et imprévisibles quand tu joues ce morceau avec d’autres gens derrière des instruments (les « happy accidents » comme disent les anglais).
Et ce phénomène est encore plus décuplé quand tu fais la même chose devant d’autres gens qui eux, ne jouent pas, mais sont là pour voir, écouter, bouger si ils en ont envie, en bref te rendre quelque chose quand toi tu leur envoies une énergie. Et ça va dans les deux sens, on en a déjà fait l’expérience : si l’ambiance est tendue entre nous sur scène, le public le ressent et nous le renvoie instantanément, multiplié par dix. Donc pour nous, c’est primordial.
Après, il existe des gens qui ne fonctionnent pas comme ça, et c’est très bien aussi. Le live nous procure systématiquement de nouvelles idées, nous permet de résoudre des problèmes matériels ou alors carrément d’intentions de jeu, et en crée des nouveaux, c’est-à-dire de nouveaux obstacles à surmonter et de nouvelles portes qui s’ouvrent. Donc c’est extrêmement nourrissant. Nos premières dates étaient assez espacées, période de sortie de confinement mais restrictions toujours en place…on peut dire que les dates que l’on a faites en 2022 étaient beaucoup plus homogènes. On a bénéficié d’ un super accueil du public, des amis aussi, puis des gens qu’on ne connaissait pas et qui sont restés du début à la fin, même quand on se plantait (apparemment ça se voit pas, ce qui est rassurant). Tout ça nous motive à aller beaucoup plus loin et à chercher de manière permanente des façons de nous dépasser et de mieux jouer/nous exprimer sur scène.
7) Quels sont vos projets à court et moyen terme ?
Là, on sort enfin des morceaux (le 13 Mai et en juin de cette année). On en avait sorti un en automne 2020, et on attendait que la pandémie passe. L’idée, ça va être d’en sortir au compte-goutte jusqu’à début 2023, date à laquelle on prévoit de sortir tout l’album d’un coup. On a vachement hâte, pour concrétiser et surtout aller vers le prochain chapitre et écrire de nouvelles choses ! En toile de fond, on va aller jouer un peu partout ou on le pourra; en France, en Belgique, en Europe en général. Pour le moment, on s’applique à faire de belles sorties, bosser notre live évidemment, notre image, réfléchir et réaliser des clips qui nous plaisent et nous font marrer. En bref, faire des trucs qui nous ressemblent.