Töfie vient de Montpellier, c’est apparemment un duo. Il est synth-pop, cold-wave, électro, il est Töfie. Il fait tripper, son Organic Love passe par plusieurs formes et parfois, il se déforme. Il importe d’y revenir, une unique écoute ne peut suffire à le révéler complètement. Il peut faire fuir, dérouter au point qu’on veuille le quitter, mais possède ce pouvoir d’attraction, ces airs de reviens-y, qui font qu’on reste en phase. Des phases, d’ailleurs, il en tape. Planantes, sur Safety bell et ses douces secousses flottantes. Vrillées, froides et quasi indus, quand il amorce son délire au son de son Horizons. Lequel, entre voix douce et sonorités psychotropes en va et vient, s’en tient à une absence de norme qui défie les formes. Les formes connues. Sans s’empresser il s’anime, se syncope, sort de sa belle torpeur. Sans trop faire peur, mais au gré d’une trame aussi psyché que lunaire, agilement déviante. On aime. Surtout qu’en sa fin, il grince sévère. Babe, dans son sillage, se marque dans le rythme. Lui non plus, ne dit pas son nom. Il serpente, claque sec et vole en se laissant porter par des sons imaginatifs. Passé l’effort d’assimilation, Töfie s’impose. Il séduit et dérange, dans le même temps.
Goth you, EBM dans ses pulsations, doux dans le chant, glaviote grave. Il est underground, sensuel, sonique aussi. Indus? Oui. Mais pas seulement. Töfie. Stannah to heaven, également indus dans l’étayage sonore, chuchote et avance comme brisé. Ses saccades l’avantagent, intriguent, déroutent. On est perdu, un peu A la mer, ou à la rue, mais conquis. Si on n’a pas fui. Le morceau, dans le chant, me fait penser à Mansfield.TYA. Il use du Français, à la manière de ladite formation nantaise. Entre ombre de ses pourtours et clarté dans le chant, il crée lui aussi la surprise. Bonne. Way of life lui emboite le pas, lance une sortie de route sonique qui se voit suivie d’encarts joueurs, sur cadence dense. Y’a pas à dire, Töfie a de l’idée. Il aime la nuit, l’inquiétant, mais aussi le beau.
Photo Lilou Verdier.
En ce sens Ignore me, dans le même esprit, se pointe en mariant les tons. Il fait le mutin, fait gicler des notes sales, exige à son tour d’être apprivoisé. Enfin The clue, dans une veine bien mois agitée, céleste et sans débordement, conclut gentiment, dans le joli et sans quitter son lit. Töfie réussit dans son entreprise, il impose ses textures et parait disposé à se démarquer. Organic love le démontre, je n’irai peut-être pas jusqu’à en faire mon pain quotidien mais une chose est sûre: il renvoie largement assez de prestance, de propension à aller s’emberlificoter avec créativité dans des sentiers en lacets, pour qu’on lui accorde une belle et justifiée considération.