J’avais déjà adoré Baston, clan brestois de choix, quand il faisait le Primates. Ses singeries ingénieuses, entre rock, post-punk, zébrures cold et allant kraut/motorik, eurent alors raison de mes failles. L’heure est venue, en cette mi-mai, de réenclencher avec La Martyre, où siègent huit morceaux au moins aussi galvanisants que ceux de l’opus cité plus haut. On s’y désoeuvre en claquant un bazar kraut de fou (Neptune), aux chants « extérieurs » sur nappage de sons spatiaux. On ouvre le bal avec Flash, sauterie post-punk un brin funkisante, folle et débridée, à la manière d’un Talking Heads du Finistère. Tous les titres évoquent des boites de nuits de la région, pas étonnant qu’ils se montrent aussi dansants! Flash ne tient pas en place, il nous offre de ce fait ce qu’on espérait. De la sortie de route, des genres imbriqués, un énergie moyennement jugulée. Du bruit, des cadences, sur lesquels on danse. Saphir voit les claviers, ici plus en vue qu’auparavant, dresser une sphère céleste autant qu’entrainante. Les vocaux ensorcèlent, eux aussi, en se mêlant. De ce fatras bonnard s’échappent des sonorités écorchées.
On est fort bien lancé, aucun doute là-dessus. Pacific s’amorce lui aussi avec ces synthés d’entre les nuages. Il vire cold, magistralement. Baston étend ses motifs, hypnotise, laisse son chant se faire grave. Il a tout, ici et encore, pour faire plier les plus récalcitrants. S’il en existe. La Martyre sort chez Howlin’ Banana, personne ne s’en plaindra. Il fait suite au nouveau Hoorsees, d’une valeur égale. C’est un lingot, Zodiac y dépose une trame vive et qui pulse, truffée de bruits délicieux. Dans le genre, difficile à ranger, c’est ce qu’on peut trouver de mieux. Baston fait du Baston, point barre, et c’est canon. Il turbule, s’envole, fuse et se cuivre sur le titre en question. Capri, et c’est pas fini, instaure des claviers entre guilleret et obscur.
Froid et discret, tant en termes de dates qu’au niveau de sa comm, Baston a pour lui, de haut vol, ses disques. Capri fait du boucan, déchire son kraut, laisse de longues traces. Pacha, après lui, file et s’espace. Du verbe s’espacer, entendez par là traverser le ciel. Fendre l’espace, au gré d’un rythme alerte et de voix qui à nouveau font dans le grave, pas loin du crooner. Les synthés, quant à eux, continuent à se faire la part belle. C’est du supérieur, tiré du robinet Baston. Chamade, dans ses syncopes cold qui t’emportent avec elles, bruissent et grondent sur de la poussière de clavier étoilé, nous la fait battre (la chamade). Baston, dans le sillage de son Primates nommé en début de chronique, ne faute jamais et se pare, avec La Martyre, d’une série concluante en diable.