J’ai déjà, pour son Turkish delights, parlé favorablement de Fatima. Avec Fossil, présenté ici, je n’ai pas eu d’autre choix que de faire de même puisque le trio, en réitérant sa base doom/Black Sabath/Nirvana aussi pesante que transcendante, se retrouve à nouveau sur la pente ascendante. Que Mongolo Bill, première de ses neuf salves qui jamais ne gavent, opaques et Bleachiennes parfois, dans le jouissif, aborde en nous marchant dessus. La patte Fatima, désormais, est installée. Fatima est un mammouth, capable de mélodies torturées mais aussi, comme sur cette ouverture probante, de coups d’accélérateur soudains et abrupts. Il revient, ensuite, à son écrasante avancée. Archvile, merveilleusement « clair » en son départ, fait d’ailleurs fuser ses sons sans trop prévenir. Il s’éraille, déraille, pour ensuite laisser le chemin libre à un Turks fruit doté des mêmes nuances décisives, incisives, modérées quand il le faut. Sabbathien mais personnel, Fatima induit une lourdeur pleine d’ardeur. Turks fruit breake, déchire tout soniquement, zèbre le ciel et nos écoutilles. C’est l’orage, dont s’échappent de belles éclaircies.
Suite à ce coup de semonce King of the rat, spatial, lâche des riffs brutaux alors que derrière, des motifs plus trippy se pointent. La basse apporte un groove massif, on adorera sans en demander plus. Le chant se grunge, comme de coutume, au service d’un tout dépaysant. Feathered fossils, dans la foulée, se syncope avec rage. Et prestance. Fatima délimite son territoire, qu’on aimera à investir. Il lorgne côté 70’s, rapplique par les 90’s mais au final, n’est pas loin de sonner nouveau. Il délivre, en tout cas, des créations qui lui reviennent de droit. Sacred chickens, rythmé, en augmente le nombre sans plier. Jamais. De son Fossil, taillé dans la pierre, Fatima peut être fier. Anasazis déboule lui aussi, lancé à toute allure vers une fin d’album qui tient sauvagement le cap. Une Release party est prévue le 13 de ce mois, il serait bon d’en être. Avant ça la basse d’ Anasazis, ronde, se greffe à des guitares en feu, en crue, ainsi qu’à un drumming de pieuvre.
Fossil arrache, décape, ne convie pas la lumière ou alors, en de rares occasions. Quand ça lui chante, ça fonctionne sans forcer. En fin de route Strawberry brain shake, aux vocaux au delà de l’éraillé, sert des incartades mélodiques. Qui, comme dit précédemment, trouvent leur rang de suite. Fatima poursuit dans la suie, met les mains dans le cambouis, amorce pourtant son terme en faisant voyager. C’est We the wizard, retenu puis plus franc, un peu mystique, qui le dernier saigne avec style. Par KO et non sans identité, Fatima remporte une fois de plus les suffrages, pose son approche -si c’était encore nécessaire- et entérine des dispositions qui pourraient en toute logique le mener loin.