Fort d’un EIN MANN OHNE FEIND « à aller chercher », mais aussi d’une discographie fournie et stylistiquement variée, KG répond aux questions de Will Dum…
1) De quoi est né KG, quel fut son parcours avant la sortie de « Ein Mann Ohne Feind » le 15 avril dernier ? J’ai cru comprendre que la route du projet fut plutôt sinueuse et semée d’embûches…
C’est effectivement une trop longue histoire pour commencer à l’exposer ici. Mais pour synthétiser, la malchance est depuis le début le fil rouge du parcours de KG, tant par la violence des ruptures des relations humaines entre les différents membres successifs du groupe que par les coups du sort, qui s’acharne à faire capoter tout espoir de développement et de progression.
2) Tu fus d’ailleurs, aux tout débuts de KG, son éclairagiste ! Aujourd’hui , tu es le seul et unique membre à bord, solo sous les plans de feux d’autres « lighteux » et pourtant, tu œuvres…dans l’ombre ! Quel sentiment cela induit-il ?
Tout ce que tu écrit est exact.
Si on prend un peu de recul, ce n’est finalement pas une place très agréable. On se sent un peu comme le dernier porteur de la flamme olympique, qui chercherait dans la nuit un stade qui n’existe même pas.
3) KG a aussi régulièrement changé de style musical, sans jamais perdre en qualité. Qu’est-ce qui explique ces revirements, de même que les fréquents changements de label qui jonchent le parcours de KG ?
Merci, tu es gentil.
En même temps, comme la formation originale a maintenant quasiment 30 ans, il est plutôt salutaire artistiquement parlant que plusieurs styles musicaux aient été abordés, et que de multiples collaborations avec différents labels aient vu le jour.
L’inverse aurait été d’une tristesse abyssale.
4) Venons-en à ce « Ein Mann Ohne Feind » éclaté du point de vue des genres, mais irrémédiablement captivant un fois « dompté ». Comment s’est passé l’enregistrement, lors duquel tu as semble t-il laissé libre cours à ta passion pour le matériel vintage ?
C’est étonnant que tu aies cette impression, car au contraire la sélection des morceaux pour ce disque s’est faite sur une base de cohérence de style, pour rassurer le public qui aurait été encore plus désorienté que d’habitude si ce tri n’avait pas eu lieu. Les deux albums précédents lorgnaient effectivement plus de ce côté disparate (« Passage Secret » et « Jesus weint Blut »), mais c’était précisément ce qui devait être évité pour cet opus. C’est donc apparemment un échec.
Beaucoup de matériel a été perdu ou détruit, ces dernières années, suite à différents événements pénibles. Il a donc fallu en racheter avec l’argent des assurances, et également en emprunter plus ou moins définitivement à droite et à gauche. Parler de passion pour le matériel vintage est un bien grand mot ; le hasard y est pour beaucoup, et pouvoir jouer et enregistrer sur des synthétiseurs dernier cri aurait sans doute été tout aussi plaisant. Ou pas.
5) Pourquoi recourir à plusieurs langues dans les intitulés liés à l’album, qu’est-ce que ça t’apporte ?
Absolument rien.
6) L’album est (très) majoritairement instrumental et pourtant, tu dis y aborder des thèmes divers qui en général, ont besoin du mot pour être traités. Comment parviens-tu, partant de ces formats « instru », à faire passer tes idées ?
Tu dis ça parce que tu as lu la description piste par piste de l’album, que le label m’a forcé à rédiger, sous peine de ne pas publier le disque. A l’origine, il n’y a strictement aucun thème de défini, c’est plus en réfléchissant aux images qu’évoque éventuellement la musique que se dessinent des idées plus précises, au moment ingrat de devoir choisir un titre par exemple.
A partir de cette base, il est particulièrement facile de chier de longues thèses, comme sur n’importe quel sujet d’ailleurs. La philosophie et l’art contemporain (entre autres) regorgent d’exemples consternants.
7) KG est visiblement restreint à un cercle constitué d’initiés, ce qui le rend presque « culte » donc d’autant plus précieux, c’est en tout cas l’impression qu’il me laisse. Qu’en penses-tu ?
Appelons ça un destin artistique. Crois-tu au destin ?
8) Que prévois-tu pour la suite de KG, te projettes-tu sur les sorties et travaux à venir où te fies-tu à ton seul instinct qui serait de ce fait le « gouvernail » de ce qui reste à faire ?
Non, à ce stade il n’y a aucun projet. Une réserve de morceaux quasi infinie existe, de quoi sortir des dizaines de disques, mais il est acquis qu’une écrasante majorité ne sera jamais publiée et disparaîtra probablement avec les disques durs dans lesquels elle repose.
L’avenir de KG n’a aucune espèce d’importance. Tout ça n’a aucun sens.