Trio où groovent le batteur Salah Khaïli et le guitariste Christophe Taddei, fondateurs du projet ensuite rejoints par Emmanuel Sunee à la basse, Electric Blue Cats est mu par la volonté de retrouver le groove et l’énergie magique des trios mythiques de l’histoire du rock, comme Cream ou The Jimi Hendrix Expérience. Avec sa Live Session éponyme où la funk ondule et se frotte à des genres divers, ainsi qu’à un éventail étendu de textures, il nous livre douze morceaux qui ne cessent de plaire, dans le sillage d’un High Fly funky délié qui déjà fait son effet. Tout comme le jubilatoire Groov’ on the Eggs, où la guitare lâche des interventions remarquables alors que la rythmique serpente dans l’union. On sait jouer, on le démontre mais sans faire dans l’esbrouffe. Coconut Desert dépayse, me fait penser à Tinariwen. Puis il chaloupe, porté lui aussi par des sons presque africanisants. Le savoir-faire de ces trois-là est évident, Fresh Spring et son chant…funk, tiens donc! en remet d’ailleurs une large lampée. Traits jazz, allant rock, énergie entrainante permettent au clan de se distinguer.
Il joue de plus…live, sans fard, ce qui bien entendu le crédibilise. Ainsi Crazy House, de riffs rock en gimmicks électro-funk, fait-il à son tour la diff, tout en faisant remuer les gambettes comme aux plus belles fêtes. Son chant robotisé le valorise, on est alors lancé sur la voie d’un disque à l’identité notable. The Wind of Freedom, à la moitié du chemin, s’offre une virée en terres jazz-blues d’ailleurs. Sa basse est charnue, ses guitares se font de plus en plus tranchantes. On plie. Jungle pursuit joue une « cold funk » acidulée qui séduit tout autant, batailleuse et syncopée, vrillée aussi, dotée de chants (en est-ce vraiment?) fous furieux. Ecouté fort, Live Session s’impose bien vite. The Joke enchaine, rapide, dans une folie à peine plus bridée. Il breake, cosmique. L’album étire sa palette, change de braquet, pulse comme on aime. Son groove est sans fin, Change Your Partner et ses chants proches du rap en assied d’ailleurs l’impact au point qu’on ne puisse plus s’y opposer. A l’instar de Funky Mad Man, plus « rondouillard », sur lequel la basse fait à nouveau tanguer le navire alors qu’autour d’elle, on trace du spatial un brin prog.
Difficile, ici et encore, de ne pas capituler. Voix « extérieures », encarts wild se présentent. Excellent. En fin d’errance Dark Floor, « fonky » et alerte, prolonge la danse et se ponctue de notes délectables. On touche à la fin, l’écoute nous a vus heureux et pour complètement nous rallier à la cause d’ Electric Blue Cats, nous refile pour terminer un bien nommé African Rock, indéfinissable, au carrefour des genres, fin comme il peut se raidir et laisser ses sons dévier. Superbe galette, créative et énergique, audacieuse et inspirée, que cette douzaine de morceaux signés d’une clique sacrément performante.