Doigt d’honneur sonore à la fourberie macronienne subie depuis bien trop longtemps déjà, le nouvel EP de Laurence Wasser s’intitule La peste negra. Ses 4 titres, mis en boite entre 2017 et 2022, rendent hommage au roman « La Peste » d’Albert Camus (« La Pesta Negra« ), à Gabi Delgado de DAF (« Le Voleur et le Prince« ) ainsi qu’aux chants des barricades (« Marche arrière » et « Saint Vitus« ). Le dernier nommé, pour déjà dévier, marie voix démoniaque, psychiatrique, mortifère, et motifs flamenco qui ne cessent de castagner. C’est la première salve d’une série de 4, démente. Elle se pare de percus syncopées, de bruits dépaysants. Elle inquiète, déstabilise, fait dans le tribal et s’en prend à nos raisons. Continuons compagnon, il y a dans ceci de quoi combler nos appétits. La peste negra, qui suit, n’égaye surtout pas le tableau. Il grince, avance hagardement, laisse son chant semer l’angoisse, la folie, la noirceur. Tout ça imbriqué, histoire de bien refermer le clapet.
Laurence Wasser, lui, ne ferme pourtant pas le sien. Il distille son boucan, pourtant Le prince et le voleur se fait clairement plus…guilleret? Quand même pas, on n’est pas là pour gazouiller. Cold, mécanique, il sifflote et se pose en tube de l’underground, obsédant. On se trouve là, vous l’aurez compris, en terres viciées. Déjà honoré ici, l’artiste de chez Atomic Bongos est sur son terrain. Celui où le délire règne, où le son prend la tangente et sonne la déjante. Il fait Machine arrière, « ode » à la bourgeoisie à l’esprit pourri, dans un déluge de bruits et sons sans joie, rouillés, comme pour sonner l’hallali. Ce faisant, il affirme une identité tellement (jouissivement) malsaine qu’on ne peut que s’en enticher, créative dans ses chemins de traverse où rancoeur et amère lucidité pleuvent à verse.