La dernière fois que j’ai évoqué les rouennais de Klymt, ça remonte. C’était en 2014, pour le déjà bien bon Hear the chief moo downtown. Depuis plusieurs sorties ont fleuri, je me demande encore comment j’ai pu rater tout ça. Passons, j’ai ce jour affaire à Murder on the Beach qui recense six morceaux indus-cold-psyché(lectro) étourdissants. Analogue Bastard groove le premier, voix douce et triturations sonores le conduisent d’abord et d’emblée, on ne peut situer le rendu. On y succombe, en revanche, avec beaucoup plus de facilité. Synthés en planerie, coups de sang et guitares de caractère engendrent une amorce persuasive. Klymt aime l’étrangeté, il le prouve en troussant un convulsif et haut perché, vocalement, Blind Fish. Psychélectro, pourrait-on dire. C’est du Klymt, le rythme varie, le cerveau est mis à contribution. On est comme sous produit, à la différence qu’ici la matière est musicale. Donc bien meilleure. Les sonorités s’entrechoquent, au bout de deux morceaux si l’effort d’assimilation s’impose on est bien conscient de tenir là une bonne cuvée.
Mood, rythmé, de synthés bavards et chant à nouveau délicat, marque lui aussi la différence du trio normand. Venez à l’Accueil Froid, les gars, dans ma ville. Vous y serez à votre aise, comme sur sillon, et dans votre élément. Nous aussi, par conséquent. Mood breake, dans une frasque sonico-vocale que je n’ai pas vraiment le souvenir d’avoir entendu ailleurs. Quand on vient de Rouen, de toute manière, on est souvent à son affaire. Et jamais à la ramasse. Blue song, aussi céleste et versatile, dans la cadence comme dans l’étayage, que le reste de Murder on the beach, nous berce de soubresauts amicaux. On continue, dans le plaisir auditif, pour se cogner Stay at the Bottom qui dans la même veine, en m’évoquant Liars, s’emballe et libère des assauts bienvenus. Klymt, voué à se démarquer, réussit dans son entreprise. Son « icy wave » (ce n’est pas moi qui l’invente, pour une fois, mais le groupe himself) lui donne cachet et identité.
L’essentiel est donc assuré, à l’heure où déjà, l’EP livre sa toute dernière trippade. Celle-ci a pour nom Murder on the Beach, elle est éponyme alors. On s’en balance un peu, elle se montre surtout grinçante et subtile dans le même mouvement. Elle songe dans la voix, se graisse dans le son, du point de vue « beat » elle n’hésite pas à changer de braquet. Au mitan des styles, en détachant le sien, Klymt nous incite à lui emboiter le pas, séduits par sa personnalité dotée de suffisamment d’atouts pour qu’on se laisse définitivement tenter. Le tout sur un wagon de labels crédibles à bloc, histoire de raffermir l’impact de l’EP.