I Speak Machine est le projet de Tara Busch, qui au début des années 90 joua dans le groupe Dahli Llama avant de rencontrer Maf Lewis, à Miami, avec lequel elle se marie. Toujours à ses côtés, elle débute I speak Machine en 2013, quand Maf réalise sont premier court métrage d’horreur (The Silence). Tara en compose alors la musique. En 2017, elle commence à composer WAR et son élu y prend part, la paire nous préparant douze compositions électro-cold (et autres) plutôt bien balancés. C’est d’ailleurs le titre éponyme qui lance la danse, cold, un peu club aussi, souterrain et appuyé. Excellent. Left for Dead (War Mix) s’essaye ensuite à un développé plus nuageux, l’énergie y est certes moins débridée mais le rendu convainc, livrant de plus de brutales syncopes percussives. Suit Beat Down by Heaven, également céleste, tapi dans l’ombre, d’une électro sans lumière aux motifs écorchés. Il hausse la cadence, le chant s’y insoumet tout en renvoyant ce je ne sais quoi de féminité encanaillée qui fait la différence. Santa Monica sert ensuite sons vrillés et posture dans l’entre deux, aussi viciée que veloutée. Bloodletting (The Vampire Song) (War Mix) se montrant tout aussi plaisant, alerte et de teneur rock, sur ce disque qui tient la route sans forcer mais sans non plus tournebouler la mappemonde musicale.
C’est du bon, du très bon parfois, à écouter fort. On pousse donc le volume, ça valorise un Dirty Soul rêveur, dans la lune. Ruined Me l’est aussi, mais propose de son côté une avancée presque indus, lente et pesante, qu’on prend en considération. On y entend, c’est régulier ici, des rythmes qui fracassent. I See You affine le trait, il émerge doucement et semble fendre la brume. J’aime toutefois moins, chez I Speak Machine et de manière générale, ces penchants à l’apaisement. Celui-ci se triture un peu, néanmoins, avant de laisser place à The Metal of My Hell. Celui-ci déboite, en mode électro-indus appuyé qui trace, avant de se syncoper. Push the Grease suinte une atmosphère souillée, on le sent sur le point d’exploser…mais non. Son chant, au contraire, prend le parti du subtil. Arrive ce rythme, comme souvent, marqué. Des poussées sonores, aussi, qu’on ne rejette pas. I Speak Machine enfante de bonnes choses, ne surprend que (trop) peu sans pour autant se discréditer, loin s’en faut.
Rats Rise pulse, laisse des sonorités déviantes, encore, s’extraire de son chaudron. Il percute, venant relever une galette parfois trop « posée » à mon goût. On touche alors au but, l’impression laissée est assez clairement favorable en dépit de mes petites « réserves ». C’est Until I Kill the Beast, au début psyché enciélé, qui termine l’opus. Les vocaux s’y font doucereux, autour d’eux une nappe entêtante se développe tout en grinçant légèrement. I Speak Machine donne le sentiment de vouloir clore dans une relative tranquillité, c’est le cas et si j’aurais préféré une rafale sonique le terme est malgré ça prenant et de belle facture, à l’image de l’entièreté de War.