Allemande, née de parents d’origine soviétiques, Nicole Faux Naiv a grandi en parlant autant le Russe que l’Allemand. Sur Moon rally, son premier album, elle chante en Anglais, en Russe aussi, et s’inspire du post-punk russe des années 90, de la synthpop française et de la musique des vieux films soviétiques, qui l’ont nourrie. Elle décrit son disque comme un journal intime, il est effectivement intimiste, parfois, dans le chant mais nombre de ses morceaux, au creux des genres mais à dominante dream-pop, se montrent enlevés. Et minimaux, dominés par l’étayage des synthés. Sans crier au génie, on s’y laisse prendre quand retentit l’éponyme Moon rally, à l’amorce nacrée par son chant tout en songe. Ca s’anime d’abord doucement, avant que le rythme se fasse plus affirmé. L’étoffe est légère, nappée de cordes sans poids. Afternoons, rêveur, finit lui aussi par galoper et se fendre d’abords cold. Il se dégage des compositions de Nicole Faux Naiv, gentiment entrainantes, ce je ne sais quoi quoi qui retient l’auditeur. Une simplicité, un halo brumeux protecteur, qui accrochent l’oreille.
Tomorrow Was A Summer Day in 2001, un tantinet cold lui aussi, mais avec ce chant mélancolique qui m’évoque Hope Sandoval en moins allégorique, ces envolées douces-amères, illustre mon impression. Imaginary boy, également hardi rythmiquement, suinte cette brume synthétique, ces sons bien trouvés et sans surcharge, qui font pencher la balance du bon côté. Il émane de tout ça aussi, par instants, des plages en phase avec les 80’s. Empty Summer, saccadé, sert une synth-pop étoilée. Nicole Faux Naiv touche au coeur, plonge dans le songe, hypnotise un peu. Sunday’s child se montre moins alerte que le reste, il prend vie au gré de sonorités spatiales retenues. In the stairwell est, pour sa part, d’un finaud teinté par le chant, à nouveau sucré, de l’artiste hébergée par Bronzerat Records.
Photo: Greta Markurt.
On suit, encore, mais on regrette le peu d’emportement que nous réserve Moon Rally. теплое море instaure le Russe, un regain de vigueur aussi. Tout ça reste toutefois mélodieux, nulle incartade significative à l’horizon. La native d’Olpe s’endiable peu, privilégie la plupart du temps une approche subtile. A cry from the backyard, après un développé ouaté, place des soubresauts rythmiques surprenants. Il prend fin au piano, sans autre étoffe. Je décroche un peu, je préfère de manière très claire les morceaux qui filent. Вчерашний день, le tout dernier, se met à nu, folk/lo-fi, pour conclure un album à mon sens inégal, parfois attachant, en d’autres temps un peu trop irisé mais valorisé, néanmoins, par quelques titres de fort belle facture.