Jurassien, Wheobe se situerait entre Radiohead et Black Midi. Soit. Ce Lifedrop ponctue des débuts émaillés de distinctions diverses, il délivre six morceaux où en effet, on peut occasionnellement renouer avec les climats et tonalités de la clique à Thom Yorke alors que dans le chant, ça peut faire dans le débit hip-hop (Phusis) tout en fusionnant côté blues, jazz et syncopes sonores bien prenantes, en fougue et en groove. Accompagné depuis 2019 par le Boeuf sur le Toit, de Lons-le-Saunier (résidences de création, structuration, mise en réseau) et le dispositif Ninkasi Musik Lab (Lyon), avec le soutien de la SMAC Le Moulin de Brainans, le clan affiche dores et déjà une solide identité. On démarre dans la narration vocale songée, sur un Daydreaming avenue qui monte en intensité jusqu’à imploser, dans un geyser de sons, alors que la voix accentue sa « tchatche ». Elle hurle ensuite, dans le déluge classieux. D’entrée de jeu, Wheobe échappe à tout classement. Night birds, dans une explosivité qui n’est pas sans rappeler un The Bends, ou Pablo honey, démontre une chose: non seulement Wheobe, malgré son jeune âge, s’émancipe magistralement. Mais il a le don, en outre, de juxtaposer les atmosphères avec un foutu brio. Il trouve, constamment, la sonorité, l’attaque puissante qui instantanément fait la différence. Les vocaux investissent tous les terrains avec la même aisance; on est là, assurément, en compagnie d’espoirs au statut justifié.
Lie down, entre guitares changeantes, captivantes, et chant façon Welcome to Julian qui bien vite rappe, malaxe les genres. Il le fait avec style, dans une approche personnelle, qui honore Wheobe. Sous les deux minutes, le morceau n’en est que plus impactant encore. Phusis, nommé plus haut, maintient Lifedrop à un niveau élevé. Il est lui aussi saccadé, progresse par phases et en tape une (de phase). Sa basse amène un groove inarrêtable, on en danse de contentement. Encarts jazzy, en feutrine, et notes bluesy, greffées à des sursauts nerveux, permettent une issue notable. Encore. Ca joue bien, sans démonstration lassante. gacc, entre rap, noise et riffs métal voire stoner, s’emporte avant de redescendre, dans un abrupt vertigineux et bien placé. La trouvaille est bonne, la vision décalée. C’est pour ça qu’on aime, et puis ça vient de chez nous. Vapeur de lyrisme, escapade rentre-dedans se côtoient. On n’a pas fini, avec ces gars des sommets, de faire dans la montagne russe sonore, de se faire virer de notre confort parfois entravant.
Photos Joseph Calhoun.
The drop, l’ultime fournée d’un EP hautement créditeur, lacère et use de guitares perforeuses. A nouveau « rapisant », le chant accroît l’impact. Ca se fissure de partout puis d’un coup d’un seul, on revient à des abords célestes. Ceci avec une tenue, une maturité, qui en renverseront plus d’un. L’accalmie se prolonge, un brin psyché, concluant un Lifedrop qui voit ses créateurs, au talent fou, ébouriffer l’assemblée. Wheobe met, de suite, toutes les chances de son côté. Sa marge de progression est de plus conséquente; on imagine donc bien Ivanoé Tissot (guitare), Matthias Joannon (basse), Matthieu Mercky (batterie) et Swann Foucher (chant), forts de tels premiers pas, aller chatouiller les références de leur mouvance sans avoir à rougir le moins du monde de la comparaison.