Rock aux mouchetage noise-y et post-rock, agrémenté de psychédélisme, Noise Above the Ocean est un projet parisien mené par Aurélien Luc LEBOT. Une visite à son Bandcamp m’apprend que loin de débuter, il navigue en eaux sonores troubles depuis 2013. Avec Lame 13, lame de fond, pourrait-on dire, aux humeurs variables, il assène treize poussées sonores qui sans délai dérangent bien agréablement, lancées par le shoegaze/post-punk de Slumbering. On y trouve, outre ces genres, une voix psyché et un fond cold. Un délice de déviance, qui sur plus de sept minutes crisse et grince, alternant et/ou superposant les styles. Avec du style, justement, et du bruit. Goes On, situé lui au dessus des six minutes, avançant de manière lourde et opaque. Sali et propret, lent et pénétrant, il étire le panel de Noise Above the Ocean. Savior suit en courant, je dirai shoegaze mais planté, comme bon nombre d’autres compositions, au carrefour des options. On dirait parfois aussi, quand les guitares prennent le souterrain, The Jesus and Mary Chain. Loaded Sky, psychédéliquement subtil, l’embarque côté douceur. Un brin grise, tout de même.
Waves, au groove cold sur lit de rythmes exotiques sautillants, produit lui aussi un effet psychotrope et se pare de sons fins en vagues. Noise Above the Ocean, dont la galette sort chez Araki, ben oui tu sais qui, y m’envoient du vinyle qui arrache sa grand-mère, présente un All Is Gonna Be OK qu’on a bien envie de croire, chuchoté. Il s’envole, sans redescendre. Sa fin s’obscurcit. Dark Curtains lui succède, mince on dirait Thom Yorke au chant. En moins geignard, tout de même. Au ralenti, le morceau s’imprime dans nos esprits anesthésiés. Fade Away débute post, sacrebleu c’est d’un ennui! Là, je n’aime plus mais comme tout le reste m’enthousiasme, je capitule sans ergoter. Retour +++, de son flux rythmique nourri que surplombent des sonorités noisy, des chants comme sous douleur -ou folie-, me ramène d’ailleurs du bon côté. Celui où tout bascule, où on taloche du dirty sur l’édifice sonore. Half To Be There se saccade, minimal. Il conjugue clarté, diaphane, et zones d’ombre. Sur presque 500 secondes, vous ferez la conversion, il met sous hypnose et sert un chant entre le ténu et l’éraillé ou presque.
On se laisse submerger, sur Lame 13, par les rus de sons délectables, anormaux, qui se répètent sans ennuyer le moins du monde. La Fin Des Perséides, post-rock un peu trop climatique pour moi, sans chant, m’incite à passer mon tour. A la fin des sillons l’éponyme Lame 13, noisy et underground, fait dans une retenue qui finit par se faire crue. Entendez par là, sortir de ses gonds. Son tumulte lamine, on aborde de ce fait le terme du disque avec l’assurance de rester en phase. Ozzie, dans cette veine contemplative à laquelle j’accorde moins de crédit, met alors fin à l’aventure, qui d’une part me permet une découverte à cocher au rouge et d’autre part, m’offre une multitude de passages écorchés, nichés entre mes genres de prédilection, synonymes de plaisir fréquent et prolongé.