De ses premiers pas marqués par un premier album valeureux, Fabulous Sheep a tiré le meilleur pour nous revenir aujourd’hui avec Social violence, concentré de vigueur rock continuelle, ou presque, qui dès les premiers tours de saphir engendre des soupirs. De plaisir. Direct, il mord d’entrée de jeu avec un We fight…batailleur (facile mais réel), up tempo, à la rage à peine jugulée. Suit le (trop?) Stroksien Dogs, marqué certes mais lui aussi percutant. En deux titres on commence à se dire, déjà, qu’on tient là un disque en tension, sans mièvrerie ni temps faibles et encore moins de sentiment à la noix. Parasite, sur des bons gros riffs qui fissurent tout, confirme. Mazette! C’est du costaud. Ca braille, c’est puissant as hell. Timothée Soulairol (chant et guitare), Piero Berini (chant et guitare), Jacques Pernet (batterie), Gabriel Ducellier (saxophone et claviers) et Charles Pernet (basse), unis, ont visiblement fait le choix d’un son brut, offensif, qui leur sied à merveille. Geysers noisy, chant crié assurent une issue sauvage.
Believe in God, après ça, fait son Talking Heads. Son Gang of Four. Si tu danses pas, c’est que tu t’es trompé de disque. C’est funky, frontal aussi, ça pulse de manière irrésistible. Deux minutes chrono puis Future is unwritten, on le sait tous. Indus dans sa cadence, un peu. Fuzz, wild. Diantre! Ca dégomme grave. Je pousse le volume, histoire de propager ce fatras à l’immeuble entier. Les guitares vomissent, à la Foil. Fabulous Sheep est en colère, il sait toutefois faire le beau, brièvement, sur l’amorce de Satellite. Ca y est, on est en orbite. La basse est grasse, elle ponctue le truc qui ne cesse d’alterner, magistralement, entre modération et éruptions de lave sonore. C’est peu de dire que j’aime, je suis même prêt à me fader ce Mediterranean cemetery retombé, au climat retenu façon Nick Cave, qui se fend d’encarts piquants et stylés. Le tout sur cinq minutes exemptes d’ennui.
Already ready, nouvelle tranche de rock béton, à la Pixies cette fois, égalerait presque l’excellence de Black Francis et consorts. Fabulous Sheep dépote, cartonne, fait parler la poudre et forcément, on reste en phase avec ce Social violence tout sauf défectueux. Run, découpé dans du granit de vigueur, impose son dynamisme. Il est véloce, file et vrille, place tout de même quelques mélodies estimables. Ses voix s’allient, son allant ne laissera personne indifférent. On compte, sur les doigts des deux mains, les pavés imparables de ce disque à situer au delà de la simple réussite. You think too much, à l’avant-dernière place, bondit lui aussi. Vitaminé, à l’instar du reste. Son refrain s’assène, son instrumentation remuante nous prend par les sentiments.
On en vient alors à la fin, celle-ci s’avérerait pourrie qu’on s’en balancerait complètement: la différence est faite. Depuis un bail, par une bande de canailles au rock tempétueux. Keep on dancing, ultime chanson au départ tranquille, vire sans attendre en un pavé noise convulsif. Fabulous Sheep se place là entre l’option bruit et la redescente aux chants allant de pair, sur un rythme vif. Il vient de torcher, de A à Z et de Z à A, une galette au nerf rock jubilatoire, truffée de titres tubesques, qui le catapulte aux avant-postes de la hiérarchie hexagonale liée à sa mouvance.