Je les croyais disparus, ces trois Suisses qui font bouger les cuisses. Que nenni! Honey For Petzi est donc de retour, plus de dix ans après son dernier album en date. Math et post-rock mais sans s’y cantonner, la clique se fait ce jour plus pop, plus déliée, mélodiquement superbe, sans oublier de se vicier car tu le sais l’ami, Honey For Petzi affectionne les sorties de route. Il remet en scène, pour notre plus grand plaisir, ses sons venus d’on ne sait où, en vagues douces mais insistantes (Ecoute, en ouverture, dont l’injonction est suivie sans tergiverser). Il syncope, chante avec sensibilité. Aérien mais agité, ou l’inverse, il fait mouche d’emblée. Island, de basse groovy, fait voler ses mélodies. On retrouve Honey For Petzi renouvelé, resté lui-même en dépit de son évolution…pop? Oui, mais tarabiscotée. Infini, léger, en surligne les ritournelles. Crash, aux sonorités barjotes, t’entraine dans son sillage. Irrémédiablement. D’une précision un brin échevelée, Observations + Descriptions présente un groupe régénéré, qu’on a pourtant le sentiment de n’avoir quitté qu’ hier.
Kawasaki, en Français, lance sa pop triturée, bricolée, fine, souple et robotisée sur certains passages. Tout ça à la fois. Honey For Petzi ratisse large, s’amuse, crée et fait, sur ce disque, un pas en avant. Dog est doux, étoilé. Il s’anime gentiment, renvoie de l’éclat de par ses jolis motifs. On attend, cependant, l’embardée qui enverrait tout péter. Photographie parle psyché, puis électro-pop ludique. Il rêvasse, se hasarde. Géométrie, post-punk dans sa dynamique, est plus alerte. Mélodieux, mais soutenu. Il inspire la joie, il se dégage de l’opus une forme d’euphorie qui permet l’audace. Des belles guitares se postent. Echorec, ensuite, impose une cavalcade réjouissante, bizarroïde, de teneur indéterminée, griffue. Honey For Petzi pervertit la pop mais dans le même élan, en valorise l’allure. Fall se saccade, dans la vivacité. Il pétille, vrille, marie le rude et le tenu. M’est avis qu’ici plus tu écoutes, plus tu adhères. S’il ne se livre pas de suite, mu par une approche singulière, Observations + Descriptions squatte, une fois assimilé, nos recoins à dopamine.
Photos Sami Benhad.
Sur la fin Apnée, bourru, suinte un rock de tout premier choix. Tout en fraicheur, en mélopées qui enchantent, en énergie juteuse. Laissons-le donc gicler, il ne fera qu’entériner l’excellence de l’opus. A sa suite et pour clôturer Observation, psych-pop, filtre une subtilité, une coolitude qui sur Observations + Descriptions, domine et se fait contagieuse. Honey For Petzi signe un retour gagnant, grimpe un échelon, un tantinet plus tranquille mais tout aussi accrocheur et doté, au delà de ce constat, d’une identité qui perdure et, pour le coup, s’enrichit d’atours inattendus parfaitement disséminés par le groupe de Lausanne.