Major In Body Bear vient de Taïwan, il pratique un rock instrumental aux nombreux détours par des genres tels que le prog, le math-rock du pays, le jazz, la j-pop (aïe…) et le post-rock. Son Topic 2: Relationship t’étourdit d’entrée, en mariant jazz joli et groove funky apporté par la basse, sur une ouverture nommée Chased In Desire With Bloody Smiles. C’est racé et impulsif, c’est un brin technique mais au service du tout. Ca accélère sans prévenir, ça brasse mélodies et coup de bélier. Il faut certes suivre, mais c’est singulier et drôlement bien balancé. Dark Night & Twisted Mind, d’un prog’ animé, sans l’ennui que le style génère souvent, se met une fois de plus sans aviser son monde à faire son Primus. Bordel, c’est l’foutoir! Mais c’est si bon! Smashing The Wall Of An Endless Maze débute tranquille, on se dit alors qu’il ne peut complètement le rester. Son rythme s’affirme. Il griffe, lâche des geysers, mais demeure pétri de classe. Ah j’allais oublier, il s’agit là d’une réédition vinyle, par le très précieux Specific, du premier opus des Asiatiques, sorti en 2019. Idée, ici encore, porteuse! Dragged Deeper With Every Gasping Breath, riffs funky dans le buffet, place Major In Body Bear définitivement en marge, fort de sa propre vision.
On y entend du prog, derechef, couplé à des parties virtuoses qui arrachent tout. A des riffs math, ou rock, je ne sais plus. A des étoffes qui ondulent, sauvagement et dynamiquement. Fichtre, cette mixture est rare! La basse, avec joie, funkyse le tout. Et voilà des grattes flirtant avec le métal! Tout ça imbriqué, sans que ça se pète la gueule. Trop bien, comme dirait le jeune d’à côté. Tearing The Heart With Dancing Fingers va vite, fait briller ses guitares, joue un rock mélodico-fougueux. Tout ce bazar est tenu, et puis voilà que les grattes en question virent métal ma p’tite Chantal, encore. Ca déchire, ça mord les cuisses. Ca breake, peinard. Jazzy. Puis ça pulse à nouveau, parce que les gars ont l’air de bien aimer ça. Trop bien, comme dit plus haut et comme dirait le jeunot du bas des tours. Buried Sorrow & Noisy Pavement, court, souffle une trame folk sereine. On s’ennuierait presque, au vu de ce qui précède. Point grave, Placing Myself In Your Sweet Dream arrive pour nous secourt à son tour. Quoique. D’un départ posé, il vire en progressif alerte, de feu et de beauté, au genre que bien entendu on ne cherchera pas à ranger. Ni dans cette case, ni dans l’autre.
A la fin de la sarabande, concluante, se planque un With My Confession, Holding The Pieces Of Crimson Mind qui parait, de prime abord, se décider à conserver sa quiétude. Je guette, sourire en esquisse, le dérapage. A la moitié de l’effort, c’est « juste » une envolée plutôt atmosphérique qui s’invite, cuivrée avec panache. Le tout dans un jazz-prog’ de choix, à l’issue d’un disque qui n’a sûrement pas fini de nous dérouter tout en nous dévoilant ses innombrables richesses.