Le Blues Explosion ayant cessé ses activités, ce après quoi Jon Spencer a signé un album solo plus que valable datant de 2018, c’est désormais sous l’étendard JON SPENCER & the HITmakers que l’on retrouve le sauvage musicien Américain. Avec ce Spencer Gets It Lit aussi wild que sa personne, enfanté avec une clique elle aussi gavée de morgue (jugez donc; Bob Bert – trash/Sam Coomes – synth & vocal/M. Sord – drum), on le retrouve au sommet de sa forme, le long de treize titres hors-contrôle. Junk man se pare, pour débuter, de synthés excitants et excités et à côté de ça, le blues déflagré du bonhomme explose à la face de l’auditeur. Il groove, l’apport des acolytes est audible. Get It Right Now s’excite lui aussi, comme au plus belles heures…du Blues Explosion. Il se syncope, riffe cru, pétrit le blues, l’explose (elle était facile…). La brièveté des morceaux en renforce l’efficience, l’unisson des voix amène incontestablement un plus. Death ray, tout aussi pété, dopé au style, valide un trio introductif qui fait fi des résistances.
Plus que jamais performant, d’un groove électro-blues dynamité par lui-même, vocalement, par son gang, soniquement, Spencer déflore ensuite The Worst Facts. Reste, tout de même, une finesse bluesy qui borde le tout. Primary Baby fuzze, bruisse, file droit et bénéficie, lui aussi, d’incrustes électroïdes issues des synthés. Il est direct, un peu moins haché que les morceaux l’ayant précédé. Et sans défauts, comme l’entièreté de Spencer Gets It Lit. Worm Town, plus funky, suit en laissant ses spirales et gimmicks de tout premier ordre le porter. Fatal. Bruise, ouvertement blues ou presque, mais de manière perverse, passe le cap du mitan d’album avec maestria. Layabout Track use, à son, tour, de ces sonorités brutes, parfois nuancées, qui font la sève du disque. Et qui, alliées, constituent des trames uniques que le chant de Spencer stylise.
Plus loin Push Comes To Shove, quasi blues-punk, bastonne avant de breaker, plus psyché. En moins de deux minutes, il laisse des traces qui jamais ne s’effacent. My Hit Parade, plus crooner, tempère avec joliesse l’énergie folle de l’opus. JON SPENCER & the HITmakers, d’ores et déjà soudé, aligne les lingots. Rotting Money fait tituber ses guitares, laisse filtrer des bruits dérangés. D’un coup, il s’emporte puis retombe dans des plans saccadés, pesants et hésitants, sur lesquels il prend fin. Du grand art. Il faut dire qu’avec ces hommes-là, le rangé ne peut être de mise. On s’en félicite, leur ouvrage a tout ce qu’il faut pour déglinguer l’ éventuel opposant.
Ainsi Strike 3, rageur et frontal, assure t-il une fin d’album qui à aucun moment ne trahit ses créateurs. C’est du Spencer pur jus, auquel on aura allié une nouveauté magistralement assimilée, en phase avec le jeu de ses trois collègues. Get Up & Do It, dans une veine tout aussi destroy non dénuée de subtilité blues, percutant une dernière fois un auditoire conquis. A l’issue de la première écoute on ne peut que céder, sans résister, à l’envie de jouer et rejouer ce fatras non seulement inspiré mais également renouvelé, sans s’y égarer, jouissif de bout en bout et constamment insoumis. Un cru de haut vol, à se procurer toute affaire cessante.